La rencontre à l’ARCC

Cet entretien est la transcription d’une rencontre publique organisée le mercredi 12 septembre 2007 par l’Association Réunionnaise Communication et Culture (ARCC) dans le cadre du Couleur Saphir n° 113 (cf. CD audio joint à l’annexe). Voici l’argument de la rencontre, tel qu’il avait été présenté au public avant la rencontre :

Exil(s) & Ecriture(s).

Rencontre avec trois écrivains francophones :

Monique Agénor, Jean Lods, Nabile Farès.

Lire des auteurs francophones contemporains invite à se porter attentif aux mouvements contemporains : ce qui caractérise le monde francophone dans sa globalité – ce qui fait sa richesse – c’est qu’il n’est justement pas homogène et fermé, mais qu’il est hétérogène, varié, ouvert à la multitude des cultures, des imaginaires et des paysages qui le composent. Les auteurs que je vous propose de rencontrer lors de cette soirée ont tous les trois parcouru des espaces divers et variés : entre les île india-océanes et le continent européen pour Monique Agénor et Jean Lods, entre le Maghreb et l’Europe pour Nabile Farès. Leur littérature porte des traces de ces parcours et de ces mouvements : parcours et mouvements entre des espaces non seulement géographiques, mais aussi historiques, mémoriels, culturels, langagiers, etc.

Il ne sera donc pas question d’une, mais de plusieurs rencontres : rencontre bien sûr avec les auteurs, mais aussi, par le biais de leurs parcours respectifs, rencontre encore avec des aires culturelles diversifiées : l’océan Indien, l’Afrique, l’Europe. En somme, il s’agira de demander à Monique Agénor, Jean Lods et Nabile Farès, quels rapports ils entretiennent, par l’écriture, aux espaces qu’ils ont traversés et qu’ils habitent désormais… Interroger des auteurs francophones sur leurs textes et leur(s) rapport(s) à l’écriture permet d’interroger leurs rapports à la multitude des espaces parcourus : quelles influences leurs déplacements ont-ils eu sur leurs écritures ? Comment habitent-ils leurs mondes contemporains ? Comment font-ils vivre, d’une même voix, les francophonies d’aujourd’hui ?

Ce débat se voulait avant tout interactif, et était pour moi l’occasion d’entendre et de faire entendre autrement la voix des auteurs. L’objectif n’était bien évidemment pas de vérifier des hypoyhèses posées dans ma thèse, mais il consistait davantage à proposer un espace de rencontre et de discussion avec les auteurs étudiés. Par ailleurs, si j’ai choisi d’organiser cette rencontre après que la plus importante part de mon travail d’écriture ait été faite, c’est parce qu’il m’a semblé important de garder une distance à l’égard du regard nécessairement subjectif que pouvait porter les auteurs sur leurs propres œuvres. Il m’a en effet semblé important, pour mon analyse, de ne me baser que sur les textes. Toutefois, il m’a semblé tout aussi important et interressant de pouvoir proposer au lecteur de mon étude, a postériori donc, des éléments de recoupement d’informations : les auteurs vont parfois dans le sens de mon analyse, parfois non. Néanmoins, entendre leurs voix permet de porter un regard différent sur l’interaction entre leurs parcours personnels et leurs oeuvres, et de fait sur le présent travail. Ainsi, la transcription de cette rencontre devra permettre de prolonger l’aspect comparatif souhaité dans ce travail : d’abord puisqu’il permettent la confrontation des propres mots des auteurs à l’analyse proposée, ensuite parce qu’il permet aussi de comparer, en plus des œuvres, les approches mêmes des auteurs vis-à-vis de l’écriture, et plus précisément aux langues, aux cultures, aux histoires et à leurs mémoires respectives.

Enfin, un mot technique au sujet de cet entretien : les interventions ayant été captées dans le vif d’une rencontre interactive et vivante, afin de conserver la spontanéité des réponses formulées, d’un commun accord avec les auteurs et l’éditeur, nous avons fait le choix de ne rien couper, malgré parfois quelques écarts de langage (de ma part notamment). Il n’y a donc ni coupes, ni de montages. Seuls les sons parasites qui pouvaient perturber l’écoute ont été retirés par l’éditeur du CD Audio (toussotements, vibrations des micros, etc.).