2.3.3.4.Les occlusives non voisées

Les occlusives non voisées, plus particulièrement l’alvéolaire, présentent des erreurs de voisement, de lieu et des omissions. Pour les occlusives non voisées, l’indice temporel entre le début de l’explosion de la consonne et le début des oscillations périodiques (VOT) comprend plusieurs types d’informations acoustiques, notamment le bruit de l’explosion de l’occlusive (le burst) qui est un indice du lieu d’articulation (Stevens & Blumstein, 1978).

En position d’attaque, la majorité des erreurs sont des omissions pour l’occlusive bilabiale non voisée du fait d’une intensité de burst plus faible par rapport à l’intensité du burst des alvéolaires qui est plus forte. L’occlusive bilabiale non voisée possède une barre d’explosion et une friction faible donc elles auraient tendance à ne pas être perçues. Notre perception dépend donc des indices acoustiques présents. De plus, nous pouvons penser que la redondance des indices est moins importante en attaque de mot. Au contraire, l’occlusive alvéolaire non voisée est le plus souvent confondue sur son lieu d’articulation. Les erreurs de lieu d’articulation rendent compte de la présence d’indices de lieu d’articulation dans le VOT (i. e. le burst).

Les erreurs de voisement en position intervocalique s’expliquent par le contexte vocalique prédominant qui voise la perception de l’occlusive non voisée, ce qui met en évidence des effets d’assimilation (Saerens, Serniclaes, & Beeckmans, 1989). Les phonèmes voisins, dans notre étude les voyelles, vont transférer leur trait vocalique à la consonne adjacente. Nous discuterons, plus en détail, de ce phénomène de redondance des traits et des phénomènes d’assimilation dans la discussion générale.

Cette première expérience a mis en évidence l’importance du trait de voisement des occlusives pour leur identification et la nature différente des deux indices acoustiques correspondant au voisement pour les occlusives voisées et non voisées. L’effet de la compression temporelle n’apparait que lorsque la durée du signal atteint 25% de sa durée naturelle aussi bien pour les voisées que les non voisées. Nous reviendrons dans la discussion générale sur les explications possibles de ces effets sur les occlusives voisées et non voisées.