2.5.3.2.L’effet de la Compression temporelle

Les occlusives non voisées sont sensibles à la réduction de moitié de la durée des deux indices acoustiques en attaque, mais pas en position intervocalique. Les performances chutent considérablement en position d’attaque dès la compression à 50%. Au contraire, les occlusives voisées ne sont pas sensibles à ce taux de compression temporelle (50%), ni en position intervocalique ni en position d’attaque. Ces résultats renforcent l’idée d’une sensibilité particulière des occlusives non voisées à la compression temporelle des deux traits phonétiques, en position d’attaque.

Une explication à ce résultat est que nous identifions la consonne selon les indices présents. Or, pour les occlusives non voisées, la compression temporelle dégrade le VOT et les transitions, ce qui conduit à une perte d’informations très importante (dont le burst). Par conséquent, nous ne percevons pas la consonne d’où le nombre d’omissions supérieur aux occlusives voisées. Quant aux occlusives voisées, la compression temporelle porte sur la barre de voisement et les transitions, mais un indice important n’est pas touché : le burst. Cet indice donne une information sur le lieu d’articulation de la consonne, d’où principalement des confusions sur le voisement en attaque ou sur le mode d’articulation en intervocalique. De plus, pour les occlusives voisées, nous avons montré des effets de la voyelle suivante sur l’identification de la consonne. Les omissions étaient supérieures aux confusions lorsque la pente de la transition du F2 était moins raide (entre /a/ et /i/). Par exemple, en attaque /bi/ était omis alors que /ba/ était majoritairement confondu. Or, en regardant les résultats de l’analyse acoustique (voir section ), nous nous apercevons que la pente de la transition du F2 est moins raide avec la voyelle /i/. Comme nous l’avons déjà vu, une pente moins raide est moins informative donc la consonne a tendance à ne pas être perçue. Mêmes résultats, en position intervocalique pour /ba/ et /da/ qui sont plus souvent omis que /bi/ et /di/.

Cependant, un effet du taux de compression à 25% est observé pour les occlusives voisées en position intervocalique. Le taux d’identification correcte diminue davantage pour les bilabiales que pour les alvéolaires. Par contre, l’occlusive [+ voisée ; + bilabiale] est plus résistante en attaque, elle présente des performances encore supérieures à 50% d’identification correcte lorsque les deux traits sont supprimés en attaque. Nous discuterons cette résistance de l’occlusive bilabiale voisée en attaque dans la discussion générale.