2.7.4.3.La pente de la transition du second formant

Il est connu que la pente des transitions des formants dépend des lieux d’articulation de la consonne et de la voyelle. Pour les occlusives bilabiales, nous avons mis en évidence un effet de la position de la consonne sur la valeur de la pente : la pente est plus raide en position d’attaque qu’en position intervocalique. De plus, un effet du voisement selon la voyelle qui suit a été observé sur la valeur de la pente : l’occlusive bilabiale non voisée a une pente plus raide que la voisée devant la voyelle [a] alors que l’inverse est apparu devant la voyelle [i]. En ce qui concerne, les occlusives alvéolaires, nous ne retrouvons pas l’effet de position sur la valeur de la pente mais nous mettons également en évidence un effet du voisement sur la valeur de la pente quelle que soit la voyelle qui suit : l’occlusive alvéolaire voisée présente une pente plus raide que la non voisée.

Tous ces résultats, quant aux mesures des traits, permettent d’expliquer la vulnérabilité de l’occlusive alvéolaire non voisée et la résistance de l’occlusive bilabiale voisée. La première a, en effet, un VOT plus long que la bilabiale non voisée ; elle n’a pas de durées de transitions significativement différentes de l’alvéolaire voisée mais elle a une pente plus aplatit que celle-ci. En considérant que le voisement est le trait le plus sensible à la compression temporelle, il est raisonnable de dire que l’alvéolaire non voisée est, par conséquent, plus difficile à discriminer. Par contre, pour l’occlusive bilabiale voisée, le seul fait que la durée de la transition soit plus longue que la bilabiale non voisée suffirait à la discriminer dans des conditions de compression, si l’on considère également que la compression temporelle de la durée de la transition ne montre guère d’effet sur la discrimination. Nous reviendrons sur le rôle relatif de chacun des traits acoustiques dans l’identification de la parole, dans la discussion générale.