2.8.4.L’effet de coarticulation

De nombreuses études ont mis en évidence des phénomènes de coarticulation et d’assimilation (Liberman, Cooper, Shankweiler, & Studdert-Kennedy, 1967 ; Snoeren, Hallé, & Segui, 2006) c’est-à-dire qu’il existe un transfert des traits phonétiques, comme le voisement et le lieu d’articulation, de la consonne intervocalique vers les phonèmes adjacents. La voyelle précédente influence également la structure acoustique de la consonne intervocalique (Öhman, 1966). Le sujet peut anticiper grâce à ces informations. Öhman (1966) démontre que la voyelle initiale, dans des mots de forme VCV, influence la transition initiale de la voyelle finale à travers la consonne intervocalique. Et inversement, la voyelle finale influence la transition finale de la voyelle initiale à travers la consonne intervocalique. Un exemple connu est l’assimilation régressive de voyelle à voyelle en anglais, l’identification de la seconde voyelle est en partie prédictible grâce aux indices acoustiques de la première voyelle (Martin & Bunnell, 1981). La variabilité des transitions dans la séquence V1C est contrôlée par la voyelle postconsonantique CV2. Les mouvements de la voyelle finale commencent en même temps ou peu de temps après le début des gestes articulatoires de la consonne. Les gestes de la consonne sont superposés à un contexte vocalique qui est présent pendant toute la durée de la consonne. Des phénomènes d’assimilation progressive et régressive rendent compte de ces ajustements au niveau articulatoire. La production de la consonne implique des ajustements articulatoires partiels concomitants pour anticiper la configuration de la voyelle suivante. Les processus pour la consonne et la voyelle doivent donc être activés en même temps. Cependant, certains aspects de la voyelle finale peuvent être inhibés pendant la durée de la consonne. Et la configuration de la consonne intervocalique peut être anticipée pendant la voyelle initiale.

Dorman, Studdert-Kennedy et Raphael (1977) montrent un effet du contexte vocalique sur les indices acoustiques pour identifier le lieu d’articulation. Strange, Jenkins et Johnson (1983) montrent que la voyelle centrale d’une syllabe peut être identifiée correctement à partir des seules transitions initiales et finales, la partie centrale, stable, ayant été excisée. Lindblom et Studdert-Kennedy (1967) étudient le phénomène de réduction vocalique. En parole continue, le signal prononcé ne correspond pas à la réalisation de la même voyelle qu’en prononciation soutenue (isolée). Des effets de coarticulation vont modifier le signal acoustique des voyelles à cause de l’influence du contexte vocalique et consonantique.

Nos résultats sont en faveur d’un contraste consonantique plus robuste en position intervocalique qu’en position d’attaque du pseudo-mot.