2.8.5.L’effet de position de la consonne

Nos résultats montrent globalement une meilleure identification de la consonne intervocalique par rapport à la consonne en attaque. Cette position est favorable aux phénomènes de coarticulation qui correspond à la répartition d’informations acoustiques sur un ensemble de syllabes ou sur plusieurs syllabes consécutives. De plus, dans cette position, l’indice de transition est double : V1C2 et C2V2. Des informations acoustiques en dehors des indices manipulés vont donc être disponibles pour l’identification de la consonne. Des études ont porté sur la perception de la consonne intervocalique et sur les indices acoustiques impliqués dans cette perception. Les résultats des études précédentes postulent que la transition CV est prédominante sur l’identification de la consonne intervocalique, dans un mot de forme VCV ou VCCV, mais les processus d’identification se compliquent lorsqu’il y a de nombreux indices. Le système ferait une intégration des indices des transitions VC et CV. Streeter et Nigro (1979) montrent que lorsque la transition VC est en conflit avec la transition CV, cela ralenti la décision lexicale pour les mots de forme VCCV. Lorsque les transitions sont conflictuelles, les processus d’intégration sont perturbés et nous observons alors une prédominance de la transition CV due à un effet de masquage sur la transition VC. Cependant, Repp (1980) montre une contribution notable des informations de la transition VC pour l’identification de la consonne intervocalique. Les participants utilisent l’ensemble des indices intervocaliques pour discriminer les phonèmes. Repp (1978) avait montré un léger effet de la transition VC sur CV quand la transition CV était ambiguë. Les consonnes intervocaliques, indicées par VC et CV, sont difficiles à discriminer s’il y a uniquement la présence de la transition CV. Si la transition VC est enlevée des mots de forme VCV, les performances diminuent. Dorman et Raphael (1980) montrent également une plus grande importance de la transition VC qui comporterait des informations plus pertinentes.

Dans l’Expérience 1, nous avons remarqué que les occlusives voisées étaient moins bien identifiées en position intervocalique. Nous pouvons tenter d’interpréter ce résultat au travers de l’étude de Tartter et al. (1983) qui porte sur la perception de la consonne intervocalique et notamment la contribution de la durée de l’occlusion et des transitions formantiques. L’occlusion voisée correspond aux oscillations périodiques de basse intensité qui précèdent l’explosion de la consonne (Snoeren, Hallé, & Segui, 2006). L’explosion de la consonne n’est, par conséquent, pas comprise dans la durée du segment compressé. Tartter et al. (1983) montrent que l’occlusion apporte des informations sur l’identité de la consonne et peut interagir avec les transitions pour créer un indice complexe. Nous supposons que le contexte vocalique dans lequel se trouve la consonne atténue la saillance acoustique de la barre de voisement de l’occlusive ce qui mène à des erreurs.