2.8.6.La durée de l’occlusion

La durée de l’occlusion est une période critique pour l’identification de la consonne. Pour les occlusives non voisées, la durée de l’occlusion correspond à la phase de silence alors que pour les voisées, elle équivaut à la barre de voisement. Cazals (1994) montre que des participants malentendants ont besoin d’une durée d’occlusion plus longue afin d’éviter les erreurs de voisement dans une tâche d’identification de stimuli VCV. Cependant, il observe également une grande variabilité entre les individus, il conclut donc qu’une anomalie de perception temporelle liée à la perte auditive n’induit pas systématiquement des confusions de voisement.

Port (1981) diminue la durée d’occlusion ce qui a pour conséquence de changer le lieu et le mode d’articulation (« rabpid » / « ratted »). Nous avons observé les mêmes types d’erreurs dans notre Expérience 1. Massaro (1975) dit que la durée d’occlusion peut affecter le traitement perceptif des autres indices acoustiques. Les informations courtes de la seconde syllabe peuvent masquer les informations de la première syllabe. Si la transition VC est suivie d’une durée de moins de 50 ms alors il apparaît un effet de masque de la seconde syllabe mais le masquage n’est pas complet. Lehiste (1970) montre que les occlusives bilabiales ont une durée d’occlusion plus longue que les alvéolaires et les vélaires. Dans l’étude de Tartter et al. (1983), le long du continuum [d-g], si la durée de l’occlusion est égale à 20 ms, la transition CV prédomine alors que si la durée de l’occlusion augmente, la transition VC prédomine. Au contraire, le long du continuum [b-d], il n’y a pas de prédominance. La durée de l’occlusion interagit de manière complexe avec les indices des transitions formantiques. Lorsque la durée de l’occlusion est courte, la transition CV joue un rôle plus important que la transition VC dans l’identification des VCCV. Donc la transition VC a peu d’impact sur l’identification de la consonne intervocalique quand les deux transitions VC et CV sont présentes. La transition CV joue un rôle dans l’identification de la consonne intervocalique quand la durée de l’occlusion est courte (25 ms ou moins). Des stratégies et des processus différents interviennent selon la durée de l’occlusion. Il n’y a pas de différence réelle entre les deux types de transitions : VC et CV. La différence repose sur la nature de la transition qui interagit avec des indices additionnels dans VCV. Il semble que la transition CV soit plus pertinente pour les bilabiales alors que c’est la transition VC pour les alvéolaires. La transition VC a peu d’impact sur l’identification des occlusives intervocaliques mais on utilise tout de même les informations de VC (Repp, 1980 ; Streeter & Nigro, 1979 ). La perception de la consonne intervocalique implique une interaction complexe de plusieurs indices : VCV serait plus similaire à la transition CV qu’à la transition VC.

D’autres indices acoustiques, comme l’explosion de la consonne, peuvent être impliqués dans l’identification du signal de parole.