2.8.8.La durée du burst

Krull (1990) montre une meilleure identification des bilabiales qui ont un burst plus court : 10 à 20 ms suffisent pour distinguer une bilabiale d’une alvéolaire. De plus, l’auteur démontre que si l’on coupe une partie ou l’intégralité de la durée de la voyelle suivante, il y a plus de confusions.

Stevens et Blumstein (1978) mettent en évidence un invariant pour les occlusives qui peut être extrait dans les 30 premières millisecondes d’explosion énergétique. Cet invariant serait la forme brute du spectre de cette fenêtre temporelle. La forme du spectre serait diffuse et ascendante pour /d/ alors qu’elle serait diffuse et descendante pour /b/ mais cet invariant est observé uniquement en début de syllabe (pour une revue voir Miller & Eimas, 1995). L’énergie acoustique du spectre du burst qui a lieu au moment du relâchement de la consonne fournit un indice pour le lieu d’articulation. Les fréquences de début de F2 et F3 également. Ainsi que la direction des changements rapides du spectre dans les 10 premières millisecondes suivant le relâchement de la consonne. Blumstein et Stevens (1979) observent que pour chaque lieu d’articulation, il y a des propriétés acoustiques invariantes indépendantes du contexte vocalique. L’identification est, par conséquent, plus directe car il existe une relation simple entre le trait acoustique et le trait phonétique. Par exemple, pour distinguer les occlusives bilabiales des alvéolaires, nous pouvons utiliser trois indices différents. Le premier indice est la forme brute du spectre au moment du relâchement. Le second correspond aux changements de la forme du spectre dans les 10 premières millisecondes qui suivent le relâchement de l’occlusive. Le troisième indice utilisable rend compte des changements d’amplitude de l’enveloppe temporelle aux hautes fréquences dans la bande de F4 et F5. Lahiri et Blumstein (1981) déclarent que les alvéolaires peuvent être distinguées des bilabiales en examinant comment l’amplitude du spectre aux hautes fréquences au moment du relâchement de la consonne change avec le temps dans les 10 premières millisecondes qui suivent le relâchement.

Smits, ten Bosch et Collier (1996b) déclarent que le burst seul permet de reconnaître le lieu d’articulation pour les non voisées alors qu’il est moins pertinent pour les voisées. Le burst des non voisées est plus pertinent dans l’identification du lieu d’articulation que le burst des voisées. Nos résultats sont en accord avec cette étude. Des erreurs plus fréquentes sur le lieu d’articulation ont été observées pour les occlusives voisées par rapport aux non voisées. De plus, les transitions du /p/ sont fortes et robustes pour identifier le lieu d’articulation. Le système perceptif dépend plus fortement de l’information du burst pour les non voisées que pour les voisées. Smits, ten Bosch et Collier (1996a) démontrent également que la longueur du burst augmente avec la postériorité du lieu d’articulation, donc la longueur du burst des alvéolaires est supérieure à celle des bilabiales.