3.2.1.Le modèle en stades (Frith, 1985)

Le modèle de Frith est un modèle développemental qui rend compte à la fois de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Frith, dans son modèle, décrit trois stades successifs qui nécessitent la maîtrise du stade antérieur pour avancer dans l’apprentissage :

  • Le stade logographique qui est la première étape de la lecture. L’enfant ne sait pas lire, il reconnaît les mots grâce à des indices visuels. C’est ce qu’utilise la méthode d’apprentissage « globale » qui permettra à l’enfant de reconnaître les mots de manière globale mais ne lui permet pas de lire car il n’a pas acquis la correspondance graphème-phonème. L’enfant n’a pas recours à la phonologie.
  • Le stade alphabétique correspond à l’étape de l’acquisition de l’alphabet nécessaire à l’identification des mots. L’enfant fait donc appel à une médiation phonologique. C’est l’écriture qui va permettre l’apprentissage de la lecture, en permettant d’associer la forme visuelle à la forme sonore. L’enfant peut alors utiliser les correspondances entre les graphèmes et les phonèmes donc il peut lire les mots connus ou rare mais aussi les pseudo-mots, cependant il a des difficultés à lire des mots irréguliers et fait donc des erreurs fréquentes de régularisation. La phonologie joue donc un rôle primordial dans cette étape de l’apprentissage de la lecture.
  • Le stade orthographique rend compte d’une lecture experte. Le lecteur expert utilise des processus linguistiques rapides (400 à 450 mots identifiés à la minute) et économiques. L’enfant est apte à reconnaître un mot comme une entité et se crée un lexique orthographique. L’enfant n’a pas recours à la phonologie à ce stade.

Ce type de modèle en stades a été abandonné au profit de modèles plus dynamiques et interactifs. En effet, le modèle de Frith ne permet pas d’envisager la coexistence des différents stades dès le début de l’apprentissage de la lecture. La notion de succession stricte des étapes est remise en cause, ce qui laisse apparaître des modèles dans lesquels deux procédures de traitement coexistent en même temps. Les processus orthographique et phonologique sont activés en parallèle (Coltheart, 1978 ; Coltheart, Rastle, Perry, Langdon, & Ziegler, 2001). Par ailleurs, les modèles connexionnistes (McClelland & Rumelhart, 1981 ; Seidenberg & McClelland, 1989) mettent en évidence des interactions entre les unités spécialisées dans le traitement orthographique, phonologique et sémantique. Toutes les connaissances sur le mot forment donc un réseau d’activation synchronisé de façon automatique.