L’Outil de Dépistage de la DYSlexie : ODéDYS version 1

L’ODéDYS est un outil issu d’une batterie de test : le Bilan Analytique du Langage Écrit, le BALE (Jacquier-Roux, Valdois, & Zorman, 2002). Le BALE permet de faire un diagnostic précis de l’intensité et du type de dyslexie. Il comporte 40 épreuves couvrant la plupart des fonctions (mémoire, traitements visuels, capacités métaphonologiques, orthographe, lecture). Le temps d’évaluation total du BALE varie entre 2 et 4 heures. L’ODéDYS n’en retient que quelques épreuves, rendant ainsi la passation beaucoup plus rapide, 20 à 30 minutes. Cet outil comprend 8 épreuves : 1 épreuve permettant de connaître l’âge lexique qui vient d’être présentée (l’Alouette), 1 épreuve de lecture, 1 épreuve d’orthographe, 2 épreuves métaphonologiques, 1 épreuve de mémoire verbale à court terme et 2 épreuves de traitement visuel.

• L’épreuve de lecture est composée de 3 listes : 20 mots irréguliers, 20 mots réguliers et 20 pseudo-mots. Ces listes permettent d’évaluer les différentes procédures de lecture. Le sujet doit lire chaque liste l’une après l’autre en faisant le moins d’erreurs possible et le plus rapidement possible. Ainsi la nature des erreurs, le temps de lecture et le score sont relevées par l’examinateur.
• L’épreuve d’orthographe correspond à une dictée de mots divisée en 3 listes de 10 items chacune : des mots irréguliers, réguliers et des pseudo-mots. Cette épreuve permet d’analyser les procédures analytique et lexicale d’écriture.
• Les deux épreuves métaphonologiques permettent d’estimer le niveau de conscience phonémique du sujet. Elles rendent nécessaire la manipulation de phonèmes : la première est une épreuve de suppression du phonème initial et la seconde est une épreuve d’acronyme (fusion de phonèmes). La première épreuve requiert l’extraction du premier phonème d’un mot prononcé par l’examinateur (p.ex. [kan] -> [an]). La plupart des stimuli commence par un groupe consonantique (p.ex. [flu] -> [lu], [tru] -> [ru]). Cet exercice est particulièrement difficile pour les dyslexiques qui ont un trouble de la conscience phonémique, ils ont tendance à supprimer la totalité du groupe consonantique (p.ex. [flu] -> [u]). Pour la seconde épreuve, le sujet doit isoler le premier phonème de chacun des deux mots énoncés par l’examinateur puis les fusionner pour créer une syllabe (p.ex.[ʃj̃ɛ̃] et [akrupi] -> [ʃa]).Différents types d’erreurs peuvent être observés, par exemple le sujet va extraire le première lettre à la place du phonème ([ka] dans l’exemple précédent).
• L’épreuve de mémoire verbale à court terme correspond à une épreuve d’empan de chiffres à l’endroit : le nombre maximal de chiffres énoncés que le sujet peut répéter détermine sa capacité de mémoire verbale à court terme. Par ailleurs, le nombre maximal de chiffres que le sujet peut répéter dans l’ordre inverse (empan envers) rend compte de ses capacités de mémoire de travail.
• Pour finir, deux épreuves visuelles font partie du test : une épreuve de comparaison de séquences de lettres sans signification et le test des cloches (Gauthier, Dehaut, & Joanette, 1989). La première épreuve visuelle comporte une liste de 20 paires de séquences lettres que le sujet doit comparer deux à deux pour déterminer si elles sont identiques ou différentes. Le test des cloches permet d’évaluer les capacités visuo-attentionnelles des sujets dans le cadre d’une épreuve de recherche de cibles parmi des distracteurs. Une feuille composée de 112 dessins d’objets (p.ex. des scies, des pommes, des chevaux) dont 35 cloches est présentée au sujet qui doit, en 2 minutes maximum, barrer le plus de cloches possible. Le score ainsi que la stratégie de balayage visuel sont notés.

La diminution du nombre d’épreuves par rapport au BALE rend cet outil incomplet et ne permet pas d’établir avec certitude le type de dyslexie. Le problème est que les capacités attentionnelles et l’efficience intellectuelle des enfants ne sont pas estimées par l’ODéDYS, empêchant ainsi de faire un diagnostic différentiel entre une dyslexie et un retard de lecture d’une autre nature. Dans notre étude, nous avons donc utilisé les matrices progressives standard de Raven pour mesurer les capacités intellectuelles de nos participants (Raven, 1938) afin d’écarter une explication des difficultés en lecture par un retard mental. Cependant, la passation de l’ODéDYS permet de mettre en exergue des difficultés relevant davantage d’un dysfonctionnement de la procédure lexicale ou analytique de lecture et d’écriture. Les épreuves qui le composent et l’étalonnage sont ceux issus du BALE. Les épreuves du BALE ont été étalonnées auprès d’enfants du CE1 au CM2. Pour le niveau 5ème de collège, un étalonnage supplémentaire a été effectué en 2005 (cf. version 2 de l’ODÉDYS, Jacquier-Roux, Valdois, Zorman, Lequette, & Pouget, 2005) sur 129 élèves n’ayant jamais redoublé. Nous utiliserons les données de ce dernier étalonnage pour les adultes dyslexiques que nous étudierons dans les Chapitres 4 et 5. En effet, le niveau 5ème de collège est le plus haut niveau scolaire, à notre disposition, pour lequel nous ayons un étalonnage.