4.6.3.1.Les occlusives voisées en position d’attaque

Dans la condition naturelle, nous avons observé une différence entre les deux groupes qui met en évidence un déficit de traitement auditif temporel des occlusives voisées en attaque chez les dyslexiques (diminution de 9.3% des performances par rapport aux normo-lecteurs). Les dyslexiques présentent des difficultés de perception de la barre de voisement pour la condition naturelle (100%) en position d’attaque.

Cependant, ils présentent d’aussi bonnes capacités, que les normo-lecteurs, à identifier les occlusives voisées même lorsque la durée de l’indice de voisement est réduite en position d’attaque. à 50% et 25% de compression, aucune différence significative d’identification n’apparaît entre les deux groupes même si les dyslexiques ont tendance à faire plus d’erreurs que les normo-lecteurs, mais la différence n’est pas significative.

Par contre, lorsque le trait de voisement est supprimé, les dyslexiques sont plus sensibles à l’absence de l’indice acoustique que les normo-lecteurs (baisse de 13.5%). Leur discrimination devient plus difficile. Ils montrent des difficultés à identifier les occlusives voisées lorsque la durée de l’occlusion est supprimée.

L’ensemble de nos résultats ne permettent pas de dire que les dyslexiques ont un trouble spécifique du traitement de la parole compressée. Cependant, nous pouvons affirmer que dans les conditions naturelles, les dyslexiques présentent un déficit perceptuel en attaque pour les occlusives voisées. Ils ont tendance à dévoiser l’occlusive ce qui rend compte d’un trouble de traitement du contraste phonétique voisé/non voisé en attaque. Il est important de remarquer que ce déficit intervient au début du stimulus dans les premières millisecondes de traitement du signal de parole. Nous pouvons suggérer que l’activation des mécanismes de traitement auditif des sons de parole soit retardée chez les dyslexiques. Des études en électroencéphalographie, qui est une technique avec une très bonne résolution temporelle, devrait pouvoir apporter des éléments de réponse sur l’activité cérébrale dans les premières millisecondes du traitement du signal de parole. Nous reviendrons sur ces études dans la discussion générale.