4.7.2.Résultats

La nature des données et l’analyse des résultats de l’Expérience 2 sont identiques à celles de l’Expérience 1. Un test t pour des échantillons indépendants compare les moyennes des taux d’identification corrects des deux groupes appariés (NL et DL) pour les phonèmes (C1, V1, C2 et V2) et pour les pseudo-mots (CVCV). Comme pour l’Expérience 1, une différence significative a été observée entre les deux groupes pour les consonnes (C1 : t32 = 3.5, p < .01 et C2 : t32 = 2.3, p < .05) et pour les pseudo-mots (t32 = 3.5, p < .01) mais pas pour les voyelles (V1 : t32 = 0, p = 1 et V2 : t32 = 1.8, p = 0.08). Les DL ont des performances plus basses que les NL pour les consonnes d’attaque, les consonnes intervocaliques et les pseudo-mots (Tableau).

Tableau 23 : Pourcentages d’identification correcte des phonèmes et des pseudo-mots (%) pour les normo-lecteurs (NL) et les dyslexiques (DL). L’écart-type est entre parenthèses (σ).

Suite aux résultats de l’analyse précédente, nous ne prendrons en compte que les taux d’identification correcte des consonnes pour les analyses suivantes. Une ANOVA à trois facteurs incluant les facteurs Groupe (NL, DL), Position de la consonne (C1, C2) et taux de Compression (100, 50, 25 et 0%) montre que les trois effets principaux sont significatifs [Groupe : F(1,31) = 12.94 ; p < .01 ; Position : F(1,31) = 53.70 ; p < .001 ; taux de Compression : F(3,93) = 80.04 ; p < .001]. Globalement, le groupe NL a un taux d’identification plus élevé que le groupe DL (96.6 vs. 93.8%). La consonne intervocalique est mieux identifiée que la consonne en attaque (97.9 vs. 92.6%). Le test Newman-Keuls de comparaison à posteriori a permis de montrer que les performances diminuent significativement à la condition 0% par rapport aux trois autres conditions (100% : 97.5%, 50% : 97.5%, 25% : 96.6% et 0% : 89.3% ; p < .001 pour toutes les comparaisons). Les interactions entre les facteurs Groupe et Position et entre les facteurs Position et Taux de compression sont significatives [F(1,31) = 8.23 ; p < .01 et F(3,93) = 35.20 ; p < .001]. Le test Newman-Keuls de comparaison à posteriori a été utilisé pour observer les effets d’interaction. D’une part, l’interaction entre les facteurs Groupe et Position montre que les taux d’identification correcte pour la consonne d’attaque sont plus importants pour le groupe NL que pour le groupe DL (94.8 vs. 90.3% ; p < .001) alors qu’il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne la consonne intervocalique (98.4% vs. 97.3% ; p = 0.17). D’autre part, l’interaction entre les facteurs Position et taux de Compression met en évidence que la consonne intervocalique est mieux identifiée que la consonne en attaque pour toutes les conditions (100% : 99 vs. 95.9%, p < .01 ; 50% : 98.8 vs. 96.2%, p < .01 ; 25% : 98.2 vs. 94.9%, p < .001 ; 0% : 95.3 vs. 83.2%, p < .001). La Figure montre cet effet de Position plus important chez les dyslexiques. Des différences significatives apparaissent en position d’attaque aux taux de compression à 50 et 25% ainsi que lorsque le trait est supprimé dans la condition 0%.

Figure 53 : Taux d’identification correcte des consonnes selon la position (C1 et C2) et selon les taux de compression (100%, 50%, 25% et 0%), pour les normo-lecteurs (NL) et les dyslexiques (DL). Résultats de l’interaction triple Groupe*Position*taux de Compression de l’ANOVA : * p < .05, ** p < .01, *** p < .001.

Comme pour l’Expérience 1, dans la suite des analyses, nous allons nous intéresser aux effets de nos conditions expérimentales sur l’indice manipulé dans cette expérience qui est le lieu d’articulation. Le lieu d’articulation est représenté au niveau acoustique par la transition du formant 2. De même que dans le Chapitre 2, nous allons analyser séparément les consonnes occlusives bilabiales et les consonnes occlusives alvéolaires.