4.8.4.La proximité phonétique

Un déficit de traitement auditif temporel de ces courtes durées pourrait expliquer les difficultés rencontrées lors de la discrimination de deux sons très proches phonétiquement (cité par Adlard & Hazan, 1998 ; Mody, 1993). L’étude de Adlard et Hazan (1998) montre une autre différence significative apparait entre les groupes dans un test de discrimination de clusters consonantiques lorsqu’une des deux lettres du cluster est substituée par une autre (p. ex. « smack »-« snack »). Les enfants avec des difficultés de lecture font globalement plus d’erreurs que les groupes contrôles. Le plus intéressant est que les taux d’erreurs les plus importants sont observés lorsque la consonne substituée dans la paire de mots ne diffère que par un seul trait distinctif : le lieu d’articulation. Au contraire, lorsque la consonne substituée de la paire diffère par trois traits pertinents (mode, lieu d’articulation et voisement), les taux d’erreurs sont plus bas. Les auteurs suggèrent que les contrastes qui posent problème aux enfants sont des contrastes proches phonétiquement c’est-à-dire qui diffèrent sur un seul trait comme nous venons de le voir. Bedoin (2003) conclue également sur la même hypothèse c’est-à-dire que plus les phonèmes se ressemblent phonétiquement, plus leurs représentations s’inhibent mutuellement, selon un principe d’inhibition latérale. Les enfants dyslexiques présentent des difficultés à discriminer des stimuli visuels qui diffèrent ssur le trait de voisement uniquement. Selon l’auteur, ces enfants auraient une inhibition latérale au niveau phonémique trop faible. Adlard et Hazan (1998) rajoutent que ces contrastes problématiques sont également très proches acoustiquement c’est-à-dire qu’ils diffèrent par un indice qui n’est pas saillant au niveau acoustique. D’où l’intérêt d’étudier le rôle relatif des indices acoustiques dans la perception de la parole chez les dyslexiques. Cela reviendrait à mesurer une distance perceptive qui rendrait compte de l’intelligibilité de la parole (Krull, 1990). Les auteurs font l’hypothèse que les problèmes de discrimination ne sont pas limités à des contrastes qui sont marqués par des indices temporels rapides et brefs (comme pour les occlusives), comme le suggère les travaux de Tallal, mais ces difficultés peuvent apparaître également pour des contrastes qui contiennent des indices spectraux qui ne sont pas saillants au niveau acoustique (p. ex. dans notre étude, la transition du F2 des alvéolaires en position d’attaque).