4.8.8.Un aperçu de méthodes d’entraînement

Les méthodes de rééducation des problèmes de lecture sont en plein essor depuis que les résultats de la recherche permettent de faire un diagnostic précoce chez les enfants dyslexiques mais également depuis que la recherche s’intéresse à la dyslexie chez l’adulte. Un diagnostic précis et détaillé permet d’intervenir de manière appropriée sur la rééducation de certaines difficultés en priorité.

Pourtant, il est difficile de relier les compétences auditives et les compétences en lecture. Les méthodes d’entraînement utilisant un apprentissage basé sur la modalité auditive permettent d’observer si cet entraînement auditif à un effet sur les capacités en lecture. Une amélioration de ces capacités en relation avec un entraînement basé sur un traitement auditif a été montrée dans différentes études avec diverses sensibilités (Ahissar, Protopapas, Reid, & Merzenich, 2000 ; Kraus, 2001 ; Krifi, Bedoin, & Mérigot, 2003 ; Magnan, Ecalle, & Veuillet, 2005 ; Veuillet, Magnan, & Ecalle, 2004 ; Witton et al., 1998). Par exemple, Bedoin (2003) a utilisé un entraînement audio-visuel pour évaluer l’effet de l’entraînement sur la sensibilité au trait de voisement en lecture. L’enfant doit catégoriser une séquence auditive (p. ex. [ba]) selon deux propositions présentées à l’écran (i. e. /pa/ ou /ba/). L’entraînement a un effet bénéfique chez les dyslexiques qui l’ont suivi : ils ont de meilleures performances en catégorisation. L’entraînement permettrait d’améliorer l’organisation des représentations des traits phonétiques. D’autre part, cet entraînement a aussi impliqué, chez certains enfants, une accentuation de la latéralisation du système olivo-cochléaire médian (Veuillet, Magnan, Ecalle, Thai-Van, & Collet, 2007).

Simos et al. (2002) démontrent une plasticité cérébrale de certaines aires dédiées au langage après un programme d’entraînement intensif chez des enfants dyslexiques. La rééducation portait principalement sur les troubles phonologiques des enfants. L’activation cérébrale de la partie postérieure du gyrus temporal supérieur gauche était équivalente à celle de normo-lecteurs après le programme d’entraînement. De même, Eden et al. (2004) observent des changements d’activation cérébrale chez des adultes dyslexiques suite à un entraînement basé sur des manipulations phonologiques. Les auteurs observent une augmentation d’activité des régions pariétales dans l’hémisphère gauche chez les dyslexiques analogue à celle chez les normo-lecteurs. La différence repose sur une activité supplémentaire de plusieurs régions dans l’hémisphère droit chez les dyslexiques. L’activation cérébrale dans l’hémisphère droit chez les dyslexiques adultes reflèterait des mécanismes de compensation dus à un déficit de traitement des régions pariétales gauches, impliquées dans le traitement phonologique.

L’ensemble de ces études soulignent l’importance d’une évaluation neuropsychologique plus approfondie de chaque individu afin de bien identifier les déficits de chacun et ainsi trouver des solutions de rééducations adaptées à chaque cas.

L’une des différentes voies d’études sur le déficit de traitement auditif temporel que nous allons aborder dans le Chapitre 5 est l’exploration du fonctionnement des voies auditives descendantes du système efférent olivocochléaire médian (filtre inhibiteur, extracteur de traits acoustiques pertinents) (Veuillet, Bazin, & Collet, 1999) qui est probablement sous contrôle central (Khalfa, Bougeard et al., 2001). Le fonctionnement de ce système efférent influence la perception de la parole, par conséquent, un dysfonctionnement de cette voie descendante chez les dyslexiques pourrait expliquer leur trouble de perception de la parole. Nous explorons l’hypothèse d’une origine auditive à la dyslexie.