5.1.2.2.La physiologie des OEA

Depuis leur découverte par Kemp (1978), les OEA ont fait l’objet de nombreuses recherches. Le mouvement des cils des cellules ciliées qui sont très petits (10 -10 m) crée des OEA de grande intensité (34 dB SPL) qui passent dans un canal auditif d’un volume de 1 ml. Les OEA peuvent avoir 3 origines différentes : la première est un enchevêtrement anarchique des CCE qui provoquerait une motilité spontanée de ces cellules, la seconde serait due à une électromotilité active des CCE non linéaire qui induit une distorsion du signal et la troisième et dernière origine serait une activité spontanée des CCE par des mécanismes de réflexions des énergies.

Une question qui s’est posée était de savoir si les OEA reflétaient l’état fonctionnel de la cochlée. Premièrement, les OEA se propagent au travers de l’oreille moyenne et du conduit auditif externe en sens inverse des stimuli sonores. L’état de ces deux structures est donc primordial dans le recueil des réponses. Les oscillations enregistrées correspondent aux mouvements liquidiens induits dans l’oreille interne par les contractions des CCE qui vont d’avant en arrière. Les réponses sont longues et complexes car elles sont générées dans différentes parties de la cochlée (entre la base et l’apex) : elles se décomposent donc en latence et en fréquence. Deuxièmement, la fréquence à laquelle l’OEA est évoquée est significative : la réponse cochléaire est spécifique en fréquence et les OEA n’apparaissent que pour les bandes de fréquences où l’audition est quasi normale. Les clics sont des sons brefs à large bande permettant d’activer un maximum de fréquences le long de la partition cochléaire. La détection des OEA est plus facile et plus importante dans la première bande de fréquences de la parole, 1 à 4 kHz (entre 6 et 7 kHz chez l’enfant). Leurs présences impliquent un bon fonctionnement cochléaire et des pertes auditives égales ou inférieures à 40 dB HL. Collet, Levy, Veuillet, Truy et Morgon (1993) n’obtiennent pas d’OEAP lorsque la perte auditive sur la meilleure fréquence dépasse 40 dB HL. Les OEA sont, d’une part, une fenêtre ouverte sur la cochlée puisque leur présence confirme un fonctionnement présynaptique cochléaire normal. D’autre part, elles sont un moyen pour mettre en évidence l’influence corticale sur les propriétés mécaniques de la cochlée.