5.1.2.3.L’enregistrement des OEA

L’enregistrement des OEA s’effectue dans une pièce insonorisée grâce à une sonde placée dans le conduit auditif externe du patient. La sonde comporte un haut-parleur et un microphone (Figure). Le haut-parleur va permettre d’envoyer un stimulus sonore (p. ex. un clic) dans l’oreille et le microphone enregistre la réponse cochléaire : l’OEA. Le patient doit être calme et éviter les mouvements de mâchoires ainsi que les mouvements liés à la déglutition ou à la parole qui provoquent des bruits dans le conduit auditif. De plus, le conduit auditif ne doit pas être obstrué par du cérumen qui empêcherait la propagation du son stimulant et du son réémis.

Figure 58 : Schéma d’une sonde intra auriculaire.

Dessin de S. Blatrix, extrait du site "Promenade autour de la cochlée" http://www.cochlee.info/ par Pujol, Blatrix, & Pujol (1999). Montpellier.

L’intérêt majeur d’enregistrer ces OEA correspond à des applications cliniques car elles sont sensibles aux pathologies ou au dysfonctionnement cochléaire. Elles permettent de faire un diagnostic différentiel entre une cause centrale ou cochléaire et le plus important est qu’elles permettent d’éliminer une neuropathie auditive. Une autre application clinique importante est l’évaluation auditive chez les nouveau-nés. De plus, c’est une technique plus rapide et plus simple que l’enregistrement des réponses auditives du tronc cérébral en électroencéphalographie (ABR, Auditory Brain-stem Response). Mais dans certains cas d’atteinte neurologique, l’ABR reste essentielle. Au mieux, les réponses reflètent la résolution fréquentielle de la cochlée qui est autour de ¼ d’octave. L’examen des OEA n’est pas un test d’audition, c’est un test qui évalue le fonctionnement cochléaire. La relation entre l’intensité des OEA et le fonctionnement de la cochlée n’est pas corrélée car de nombreux facteurs peuvent modifier les OEA (la variabilité interindividuelle, la position de la sonde, la physiologie interne) donc la chose importante est la détection d’OEA en réponse à un stimulus particulier plutôt que sa force. En augmentant l’intensité de la stimulation, les OEA vont devenir plus détectables et vont donc fournir plus d’informations utiles sur l’activité résiduelle des cellules ciliées mais ne donnent pas d’informations plus profondes sur les voies auditives. Ce sont des réponses pré-synaptiques, elles ne sont donc pas reliées aux seuils auditifs qui dépendent des mécanismes de transduction des cellules ciliées de l’oreille interne.