5.1.3.La mesure des effets du SEOCM à l’aide des OEAP

L’activité du SEOCM peut être évaluée de façon non-invasive au moyen des OEAP (Kemp, 1978). Les OEAP correspondent au fonctionnement mécanique des CCE de l’organe de Corti (Brownell, 1990). Or, le SEOCM se projette sur les CCE. Il est donc logique d’utiliser les OEAP pour explorer le SEOCM. L’effet le plus intéressant est l’effet de suppression controlatérale du SEOCM qui induit une diminution d’amplitude des OEA (0.5 à 3 dB) causée par le bruit continu ou des stimulations acoustiques transitoires appliquées dans l’oreille controlatérale (Collet et al., 1990 ; Velenovsky & Glattke, 2002). Cet effet est d’autant plus important que l’intensité du bruit controlatérale est élevée (Veuillet, Collet, & Duclaux, 1991). Ce phénomène qualifié « d’interaction réciproque cochléaire », découvert par Collet et al. (1990), est médié par le SEOCM. Les fibres du SEOCM se projettent directement sur les CCE et joueraient un rôle dans le maintien effectif de l’état des CCE. Le SEOCM activé par une stimulation acoustique controlatérale agit donc sur la périphérie par l’intermédiaire des mécanismes cochléaires actifs, en inhibant la motilité des CCE (Davis, 1983 ; Kemp, 1979). Par conséquent, comme les CCE reçoivent directement des connections neuronales du SEOCM controlatéral, la réduction des otoémissions a été attribuée au fonctionnement de ce système efférent (Collet et al., 1990 ; Veuillet, Collet, & Duclaux, 1991). L’absence de cet effet de suppression controlatérale peut être le résultat d’une lésion du tronc cérébral mais Froehlich, Collet, Valatx et Morgon (1993) observent ce phénomène dans des étapes du sommeil et peut être absent chez certain individu en bonne santé. De plus, des corrélations entre l’effet de suppression controlatérale et des pathologies comme l’autisme et la dyslexie ont été mises en évidence (Khalfa, Bruneau et al., 2001 ; Veuillet, Bazin, & Collet, 1999 ; Veuillet, Khalfa, & Collet, 1999). Chez le sujet normo-entendant, les OEA reflètent l’amplification cochléaire et sont sous contrôle de l’activité du SEOCM qui diminue le gain de l’amplification cochléaire. De plus, le phénomène de compensation de la réduction du gain est possible si l’intensité du son émis augmente. L’amplification cochléaire est donc meilleure à faible intensité sonore et il en est de même pour l’effet du SEOCM. De plus, l’activité du SEOCM peut influencer les CCE qui sont réparties de façon hétérogène le long de la cochlée et donc vont créer une irrégularité cochléaire qui va donc modifier l’amplitude des OEAPs.

La suppression controlatérale des otoémissions est une méthode objective et non invasive pour évaluer l’activité de rétrocontrôle (ou « feedback ») du SEOCM chez l’Homme. Pour quantifier la suppression périphérique, nous calculons l’atténuation équivalente (AE) utilisée classiquement dans les études (Chéry-Croze, Moulin, Collet, & Morgon, 1994 ; Collet, Veuillet, Bene, & Morgon, 1992).