5.2. Problématique et Hypothèses

De nombreuses études ont exploré les déficits de traitement de la parole de populations avec un trouble spécifique du langage (SLI) et de dyslexiques, dans lesquelles nous pouvons reconnaître un trouble auditif (en anglais : Auditory Processing Disorder, APD). Les populations APD sont décrites comme ayant un déficit de traitement auditif malgré des seuils auditifs normaux. Ces études ont montré une relation entre différents déficits de traitement auditif et, d’une part, des difficultés perceptives et d’autre part, des mesures neurophysiologiques : un déficit de traitement auditif temporel, des difficultés de perception auditive dans le bruit, des représentations et une discrimination anormales des traits phonétiques, un déficit de traitement binaural et une plasticité cérébrale liée à un entraînement (pour une revue voir Banai & Kraus, 2006).

Dans le cas de la dyslexie, des études explorant le SEOCM ont montré un dysfonctionnement du SEOCM reflétant une asymétrie centrale différente (Veuillet, Bazin, & Collet, 1999 ; Veuillet, Magnan, & Ecalle, 2004). De plus, le fonctionnement anormal du SEOCM a été relié à une sensibilité particulière au tait de voisement chez les dyslexiques suggérant une organisation anormale des représentations des traits phonétiques responsables de leur mauvaise perception de la parole (Veuillet, Magnan, Ecalle, Thai-Van, & Collet, 2007). De plus, comme nous venons de le mentionner dans l’introduction, des études ont montré l’implication du SEOCM dans la perception de la parole dans le bruit (Giraud et al., 1997 ; Kumar & Vanaja, 2004).

L’ensemble de ces recherches sur le SEOCM, nous a amené à explorer le fonctionnement du SEOCM chez des adultes dyslexiques. Nous nous posons la question de savoir si le SEOCM est également impliqué dans la perception de la parole lorsque celle-ci est compressée temporellement. Suite aux résultats du Chapitre 4, nous avons cherché à expliquer les différences de perception de la parole compressée reflétant des conditions d’écoute difficiles chez les adultes dyslexiques comparés aux contrôles. Nos expériences précédentes nous ont permis d’apporter des informations supplémentaires en faveur de l’hypothèse d’un déficit de traitement auditif temporel à l’origine de la dyslexie. Par conséquent, une étude plus approfondie du système auditif des dyslexiques nous paraît pertinente pour apprendre davantage sur le déficit auditif temporel observé dans ce groupe. Pour tenter de répondre aux questions suivantes, nous allons procéder à l’exploration des voies auditives descendantes chez un groupe de dyslexiques adultes et chez un groupe contrôle. L’exploration du SEOCM est une méthode facile, non invasive et objective qui nous permettra : (1) de comparer le fonctionnement du SEOCM entre les deux groupes, (2) de mettre en lien le fonctionnement de leur SEOCM avec leurs performances à des tests psychométriques et (3) aux performances d’identification de la parole compressée (Expériences 1 et 2).

Nous émettons l’hypothèse générale selon laquelle il existerait un fonctionnement atypique du SEOCM chez les dyslexiques adultes qui pourrait traduire leurs difficultés de perception de la parole. Le SEOCM reflète le fonctionnement du système auditif central donc si le SEOCM est dégradé cela reflèterait un trouble auditif chez les dyslexiques pouvant être à l’origine de leur mauvaise perception de la parole. Un dysfonctionnement des connexions feedback du système efférent chez les dyslexiques seraient corrélé à leurs troubles de perception de la parole compressée.

Nos hypothèses sont les suivantes :