La latéralisation du système efférent

Comme nous l’avons dit précédemment, la mesure du quotient de latéralité a permis de distinguer les sous-groupes de dyslexiques. Le quotient de latéralité des témoins est négatif, ainsi que celui du groupe DLOD, par contre le quotient de latéralité du groupe DLOG est positif. Lorsque le QL est positif, cela signifie que l’oreille gauche a des AE plus importantes alors que lorsque le QL est négatif, cela correspond à une prévalence de l’oreille droite pour les AE. Les témoins et les DLOD ont donc une prévalence des AE à droite ce qui indique que le système efférent droit est plus inhibiteur que le gauche. Par contre, les DLOG montrent asymétrie fonctionnelle inverse c’est-à-dire que la fonctionnalité du SEOCM est supérieure à gauche qu’à droite. Le fonctionnement latéralisé du SEOCM à droite pour le groupe témoin et le groupe DLOD devrait être relié aux performances des participants aux tests d’évaluation des capacités cognitives. En effet, les voies auditives sont croisées donc le stimulus auditif reçu dans l’oreille droite est intégré par les aires corticales auditives dans l’hémisphère gauche, où se situe le planum temporale qui reçoit les projections auditives directes du noyau géniculé médian, qui joue un rôle primordial dans le langage. Geschwind et Levitsky (1968) ont mis en évidence une asymétrie du planum temporale (PT) : le PT était plus grand à gauche dans 65% des cerveaux sains étudiés post mortem. Comme il existe des influences anatomiques entre le cortex auditif et la cochlée via le SEOCM (Huffman & Henson, 1990), il peut être raisonnablement supposé que des dysfonctionnements du SEOCM puissent refléter des anomalies plus centrales. Par contre, nos dyslexiques ne montrent pas une diminution de l’asymétrie comme l’a montré (Edgar et al., 2006). Dans cette étude, les auteurs montrent une réduction du pattern d’asymétrie de la M100 chez les dyslexiques. L’asymétrie fonctionnelle du cortex auditif est étudiée chez des patients schizophrènes et des dyslexiques. La localisation de la réponse auditive M100 est utilisée pour rendre compte de l’asymétrie fonctionnelle du gyrus temporal supérieur (STG). La différence de position de la M100 entre l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche est moins importante que chez les contrôles. Pour expliquer cette asymétrie anormale, Heim, Kissler, Elbert et Rockstroh (2004) proposent qu’une source atypique soit activée dans l’hémisphère droit mais Edgar et al. (2006) n’observent pas de différences dans l’hémisphère droit. Ils suggèrent que cette asymétrie aurait davantage une origine neurodéveloppementale. Un planum temporale atypique et une asymétrie du gyrus temporale supérieur ont été observés chez les dyslexiques (pour une revue, voir Shapleske, Rossell, Woodruff, & David, 1999). Nos dyslexiques présentent une asymétrie différente comme dans l’étude de Veuillet, Magnan et Ecalle (2004). Ils observent une différence de latéralisation du système efférent entre le groupe témoins et le groupe dyslexiques. Alors que le groupe témoins présente des voies auditives descendantes plus inhibitrices dans l’oreille droite, la latéralisation fonctionnelle auditive est inversée chez les dyslexiques. Le quotient de latéralité des dyslexiques est positif ce qui indique une prévalence de l’oreille gauche. Notre étude montre le même résultat pour notre sous-groupe DLOG. Cette latéralisation est probablement le reflet d’une asymétrie centrale différente (Khalfa & Collet, 1996 ; Khalfa, Micheyl, Veuillet, & Collet, 1998 ; Veuillet et al., 2001).