Épreuves visuelles

Tous les dyslexiques sont plus lents que les NL dans l’épreuve visuelle verbale (jugement d’identité de séquences de lettres) et non dans la tâche visuelle utilisant des dessins (test des cloches). Rappelons que dans le test des cloches, le temps maximum imparti est de 2 min. Les dyslexiques ont donc respecté ce temps mais au prix d’oublis plus importants, pour les DLOD, par rapport aux témoins. Ces résultats suggèrent que les dyslexiques utilisent deux stratégies différentes dans ces deux épreuves : soit ils sont rapides et font des erreurs, soit ils prennent leur temps et ne font pas d’erreurs. Il apparait qu’il leur est difficile de répondre à la fois rapidement et correctement. Nous pouvons suggérer que dans la tâche verbale, où les temps de décision sont plus longs pour les dyslexiques, c’est le traitement visuel des lettres qui est perturbé. Alors que dans la tâche où le dyslexique doit repérer des cloches parmi d’autres dessins, c’est un trouble visuo-spatio-attentionnel qui rendrait compte des oublis des dyslexiques.

Comme nous l’avons vu dans le Chapitre 4, le diagnostic chez l’adulte dyslexique est difficile, du fait notamment de l’inexistence de tests adaptés. Une exception existe en anglais, le Nelson-Denny Reading Test (Brown, Fishco, & Hanna, 1993) qui met l’accent sur l’évaluation du temps mis par les adultes dyslexiques pour effectuer les tâches, plus que sur les scores. En effet, les stratégies de compensation mises en place tout au long de la vie du dyslexique permettent à celui-ci d’améliorer ces performances mais la seule chose qui persiste est sa lenteur. Nos résultats mettent en évidence ces différences de vitesse entre les sous-groupes de dyslexiques et les témoins, plus marquées pour les DLOD. Rappelons que les DLOD présentent un système efférent latéralisé à droite, comme les témoins, mais ils présentent une sorte d’hyperactivité du fonctionnement inhibiteur du SEOCM. Nous nous posons la question d’une éventuelle corrélation entre le fonctionnement du système efférent et les capacités langagières des DLOD.