Chapitre 2 : Méthodologie

Le thème de ma recherche porte sur l’errance urbaine et la fonction psychique du dispositif d’accueil auprès des sujets en errance.

Ce travail convoque alors le champ de la transitionalité et de la médiation ainsi que de la psychopathologie du lien et de la symbolisation.

1. Problématique

Ce travail s’attache, à partir de deux lieux d’accueils distincts, à comprendre la relation entre l’errance (l’instabilité de limites externes) et la perturbation de leurs limites internes. Quelle fonction et quelle incidence peut avoir le lieu d’accueil dans l’économie psychique du sujet ? Qu’est ce que l’ensemble du dispositif d’accueil vient réactiver de l’histoire du sujet et du lien primaire ?

En admettant que ce que ces sujets transfèrent sur l’espace public comporte un sens, je m’interroge sur la fiabilité d’une interface susceptible de leur permettre de conserver un contenu psychique et corporel par l’existence de frontières qui différencient le dedans du dehors, le privé du public, le moi du non-moi.

Cette série de réflexions et de questions m’amène à formuler la problématique suivante :

L’errance montre une problématique d’indifférenciation des espaces bio/psycho/sociaux. Ce qui est non-contenu par les SEU laisse des traces au dehors et dans la psyché d’autrui.

Ces sujets présentent les caractéristiques suivantes : soit ils bougent tout le temps, soit ils sont toujours fixés aux mêmes endroits mais ils présentent, pour le plupart, la particularité de « tourner en rond ». En effet, peu de choses évoluent. Nous considérons chez ces sujets leur mobilité ou leur fixité comme étant lié à leur difficulté à retenir les choses ou à faire les choses au « bon endroit ». Outre le fait d’être en situation de précarité, de perte ou de rupture sociale, leurs demandes et leurs besoins semblent être l’expression d’un vécu commun particulier, à savoir celui d’une rupture dans leur continuité d’exister.

Et si les traces qu’ils laissent constituent le seul moyen qu’ils possèdent pour se différencier et pour démarquer leur territoire, quelles seraient les implications dans leur prise en charge et quelles limites pour les cliniciens ? Quels moyens devrait alors se donner le clinicien pour les accueillir et répondre àce qui se joue à travers des traces ?

Car c’est précisément à partir du dispositif clinicien que je propose d’appréhender quelque chose de leur rapport primaire aux différents espaces. Qu’est ce qui va donc se transférer de l’histoire du sujet dans un objet médiateur qui pourrait jouer ce double rôle d’organisateur entre réalité externe et réalité interne mais également fournir compréhension de leur fonctionnement psychique et médiation à leur égard ?

Quel lien entre la mise en scène d’une localité et d’une représentation imaginaire/symbolique avec le support d’un médium tel que la photographie représentant le sujet ?

Dans des lieux inadaptés, ces sujets se donnent à voir et se saisissent ainsi du regard d’autrui. Quelle résonance interne représenterait leur image en photo qui, elle, fournit un espace prévu pour « se faire voir » dedans ?