Transferts en quête d’adresse

Mais reste encore à élucider si ce qui nous est adressé, via cette dimension sensori-perceptive constitue véritablement « transfert ». Pour nous être adressé, ne faudrait-il pas que ces sujets nous perçoivent déjà comme distincts et séparés ? Or, dans cette clinique, il s’agit plutôt de restes ou de dépôts qui sont en attente de transformation réciproque au sens de C. Bollas, 1989).

Dans la thérapie psychanalytique le phénomène de transfert est observé dans la tendance du patient à faire du psychanalyste l’objet de ses réactions émotives. Les réactions émotives sont dirigées à l’endroit d’autres personnes importantes dans la vie du patient. Le transfert aide le psychanalyste à comprendre les réactions du patient à l’égard des autres. Ici, dans cette clinique, on peut penser que ces personnes font de l’espace public le lieu et l’objet de leurs mouvements pulsionnels. Ce qui, en effet, pose la question du degré de la constitution même de l’« objet ». Dans un registre assez archaïque, même si je conserve le terme « transfert » plutôt que dans le sens habituel du terme, ici il s’agirait d’une déposition d’image à l’égard d’un autre. On peut dire qu’ils procèdent par un système d’indices10en images qui sont déposés. Ce « système de déposition en images » s’organise en syndrome ou en mécanisme.

Notes
10.

Les images sont analogiques ou signifiant par ressemblance. Quant aux indices, ils se situent du coté des « représentations de choses » freudiennes et sont les traces sensibles d’un phénomène (empreintes des traces sur la neige, cendres d’un feu). Avec la communication indicielle ou le message verbal, la coupure sémiotique - la différence du signe et de la chose, de la carte et du territoire – n’y est pourtant pas évidente. L’indice pour C.S. Peirce (1978) est un fragment torn away from the object.