Dispositif clinicien et « pensée en images » pour faire « comme si »

L’idée de se servir des médiations dans un dispositif d’accueil permet aux sujets de faire appel aux différents sens perceptifs et remontant au temps prénatal du sujet. Différents sens ouvrent une voie d’accès aux traces mnésiques. Les traces mnésiques sont les « restes » les plus précoces de l’histoire du lien primaire. Elles constituent le mode d’entrée en relation avec l’environnement. Il peut s’agir de sollicitations sonores ou de messages tactiles adressés à cette psyché primitive par le monde extérieur. Progressivement, un parcours perceptif et sensoriel se dessine. Ce parcours sensori-perceptif se double de l’interface d’un climat affectif qui se développe conjointement, comme nous l’avons évoqué avec la notion du pictogramme (P. Aulagnier 1975). Dimension sensori-perceptive et climat affectif, l’un et l’autre s’influencent dans une réciprocité mutuelle.

Mes hypothèses mettent en avant l’importance pour les SEU, et particulièrement dans leur approche de l’autre, du recours qu’ils ont aux traces sensorielles. Freud dans Le moi et le ça, (1923, p. 231), et dans L’interprétation des rêves (1900), parle de « pensée en images ». Ce lien est développé par C. Vacheret (2000, p. 151). Il ne s’agit pas uniquement d’images visuelles mais la question des images peut s’élargir pour impliquer aussi bien des images gustatives, olfactives, ou auditives que des images visuelles. Il semble que la pensée en images est proche des processus que Freud décrit comme processus inconscients qui s’enracinent dans le corps. On peut dire que le corps conserve la réminiscence des traces sensorielles. Plusieurs auteurs ont conceptualisé l’expérience sensorielle dont la représentation par retour du refoulé n’est pas possible car ces expériences primitives se situent en amont des capacités du sujet de se servir du processus de refoulement. Humains, nous partageons tous, dans le développement précoce, l’expérience de ces processus archaïques, primitifs de la psyché par lesquels passent l’évolution et le développement individuel. Pour les sujets de notre étude, une meilleure compréhension de ces processus archaïques est utile, car les sujets reste marqués par ces processus. Ainsi s’ils se saisissent des dispositifs, ce sont ces processus là qu’ils utilisent. De même, ces processus semblent sous-tendre ce qui fait notre « choix » en matière de dispositif praticien et de médiations adaptées, sans toutefois que nous en comprenions toute la portée sur le plan métapsychologique. Nous pressentons que la dimension préconsciente est à prendre particulièrement en compte dans le choix des médiations que nous proposons.