Les limites du signe et de l’indice

La sémiologie qui s’intéresse aux images est centrée sur la ressemblance. C.S. Peirce (1978), cité par Tisseron (2001), est connu pour la catégorie de l’icône, et pour la sémiologie de l’image. Il s’est surtout attaché à l’étude des messages visuels et n’a pas étudié d’abord et avant tout la langue. Il a essayé notamment de penser une théorie générale des signes (sémiotiques), réalisant une typologie des signes dans laquelle s’inscrit la langue. Cette classification peut être utile à la compréhension des différents types d’images et à leur mode de fonctionnement. Peirce, le premier, précise les limites de sa démarche en disant qu’il n’existe pas de signe pur, mais seulement des caractéristiques dominantes.

Pour d’autres auteurs notamment M. Joly (1994) ou D. Bougnoux (1991), l’indice, plus que la ressemblance, contribuerait à la crédibilité des images. L’indice laisse une place importante à la dimension sensori-affective. L’indice est certainement utile pour entrer en relation avec l’image, mais cette démarche est insuffisante pour rendre compte des pouvoirs de l’image. L’image qui repose sur le signe risque de faire perdre l’ambiguïté de la présence d’une chose. Au contraire, la pensée en image, qui s’appuie sur le mot, risque de nous faire croire à la présence réelle de ce qu’elle représente.

Les notions empruntées à l’approche sémiotique permettent non seulement de concilier les différents usages du mot « image », mais également d’approcher la complexité de sa nature. En effet l’image est complexe car elle se situe entre imitation, trace, convention et relation. Précisément dans le cadre de notre recherche, la relation à l’image est une pierre de touche dans notre approche de la photographie.

Dans ma démarche concernant l’image, je m’inspire de la position de S. Tisseron (2003) qui propose de penser la relation que nous avons avec les images à partir d’une réflexion sur cette relation même, et non pas à partir de réflexions sur les rapports qu’entretiennent entre elles les différentes composantes du signe, comme le fait la sémiologie. Nous devons, cependant évoquer la complémentarité entre image et langage. Les signifiants sont des signes et bien plus qu’une opposition, le langage participe à la construction du message visuel et le complète.

Notre approche de l’errance, au travers du prisme de l’image et de la photographie , sera plus centrée sur les dimensions sensorielles, tactiles et surtout visuelles de l’image car c’est ce qui semble le plus prégnant dans la rencontre avec cette population.