La notion d’intermédiaire se sert des images et de l’imaginaire

La catégorie de l’intermédiaire permet de relier par l’imaginaire, les différents temps et les espaces. Les images permettent de faire le lien entre le passé et le présent et de se projeter dans le temps futur grâce à l’imaginaire. La rêverie, les scenari internes, l’imaginaire, le désir mettent en lien réalité interne et réalité externe. L’imaginaire qui est le lieu où les productions du processus primaire et du processus secondaire s’entremêlent et contribuent tous deux à la représentation interne et fonctionnent comme un tremplin mais aussi comme un cadre nécessaire pour accéder à la réalité externe. L’imaginaire est un moyen de se persuader quel’objet est toujours présent au-dedans. C’est l’un des aspects de l’objet médiateur qui se sert de cette position intermédiaire.

Les images internes constituent l’imaginaire au sens le plus large, quelque soit leur statut de réalité. L’imaginaire s’oppose au perçu, et sa réalité est psychologique. Quant aux images, elles sont perçues immédiatement comme signe ou si l’on veut, comme objet-signe d’autre chose. Ce que nous leur proposons avec la photographie, c’est une image sensorielle visuelle, mais qui est également la trace laissée par quelqu’un (qui lui ressemble ou le représente) sur un bout de papier. En tant que « image réminiscente » l’image photographique offre un objet-trace en appui sur l’image comme objet-signe. La nature « flash » de la photo fait signe pour marquer ou laisser un dépôt à partir duquel amorcer la réminiscence des traces sensorielles. Beaucoup de ces sujets ne se situent pas du coté de l’utilisation de la mémoire ni du souvenir et pas toujours avec un recours à l’imaginaire. J’envisage l’imaginaire dans le cadre de cette thèse comme « espace de mise en représentation » au sens où l’entendJ. Bergeret repris par C. Vacheret (1984). Je m’appuie d’ailleurs sur la conception de l’imaginaire de C. Vacheret, qui sera largement développée au cours de ce travail, en soulignant les deux dimensions de l’imaginaire. Noustravaillons sur des contenus imaginaires mais également sur des productions ou des processus imaginaires . L’imaginaire assure ainsi une véritable fonction puisqu’elle met au travail un processus psychique qui vise à intégrer les motions pulsionnelles dans la psyché. Quant à l’imaginaire qui fait appel aux images, elle participe à intégrer la réalité puisque la représentation de la réalité interne devient représentation de la réalité externe.

Le travail de l’imaginaire n’est pas uniquement individuel mais également groupal. Des contenus imaginaires peuvent s’échanger et également être stimulés en lien avec autrui ou par le biais de la perception.

Selon le degré de structuration et d’organisation psychique du sujet, le recours aux « symboles mnésiques » n’est pas toujours possible. Cependant des traces mnésiques sensorielles, surtout visuelles, peuvent être utilisées. Auprès de cette population, le retour des traces des expériences pour ces sujets serait plutôt des traces du clivé ou du dénié qui sont réactivées que du refoulement ou du retour du refoulé. Ce qui concerne le trauma primaire revient non pas sous forme représentative, mais par la sensation, par la perception, par passages par l’acte et par l’activité moteur. C’est pourquoi il nous est permis de prendre la réapparition de ces traces comme indices ou comme témoins d’un trauma. Ce retour des traces qui est donné à voir, mis en jeu au dehors, comporte souvent un caractère « bruyant » et « visible ».