4. Méthode de recherche

4.1. Le « lieu » ou la localité physique et psychique des sujets

Ce travail s’est réalisé au cours de plusieurs années, à partir du Lieu A et du Lieu B et j’en ai retracé les grandes lignes des étapes. Dans la partie consacrée à la notion du « lieu », j’établirai le rapport entre cette notion et les différentes fonctions du cadre en montrant comment certaines relations, pratiques et institutions participent également à créer du lieu. Une des difficultés consiste en ce que le lieu « bouge ». J’utilise cette confusion entre espace privé / espace public, entre réalité interne/réalité externe comme méthode dans la recherche. Même si ces personnes « délocalisent » à plusieurs niveaux, pour peu qu’elles fréquentent un lieu concret ou l’espace d’une relation, elles sont « dedans » ou « dehors ».

Les sujets de mon étude nous délocalisent, nous les cliniciens, en nous obligeant à les rencontrer là où ils se trouvent physiquement. Ils délocalisent le lieu de la rencontre. Souvent ce n’est pas eux qui entrent dans un bureau ou dans un lieu intérieur mais nous, les accueillants, qui devons aller dehors sur leurs lieux. On peut penser ce renversement topique dans leur manière de nous retrouver comme significatif en lien avec leur expérience de retrouvailles avec l’objet primaire.

Une délocalisation s’opère également au niveau des représentations et des processus psychiques. On peut dire qu’ils « font bouger » l’intériorité d’autrui car l’endroit où ils touchent l’autre subit un déplacement. Ces personnes se servent de ce qui fait dépôt et ce qui fait trace externe pour toucher la sphère psychique de l’autre. Ce qui importe, c’est que l’autre, celui qu’ils trouvent dans l’espace, lui renvoie (reflète) quelque chose ou qu’il ait la capacité de transformer les projections du sujet (mécanismes psychiques et objets physiques) en conservant une trace de cette rencontre. Dans cette clinique, c’est davantage le clinicien qui est marqué dans la rencontre que le contraire. En ce sens, son inscription dans la psyché de ces sujets et la trace de son action sont déplacées. L’autre est souvent contraint à contenir ce que la psyché de ces sujets n’arrive pas à transformer, le mettant ainsi dans une position réceptive. Je considère cet espace chez l’autre comme un des axes de cette recherche.