4.5. L’archaïque dans le transfert : parasitage ou axe méthodologique ?

Les SEU nous font éprouver des choses qui concernent leur être au monde par association en images. Comme les éléments amnèstiques sont très difficile à accueillir et sont souvent peu fiables en ce qui concerne leur « réalité historique objective », je considère que ce qu'ils arrivent à nous communiquer et qui nous faire éprouver concerne leur façon de se sentir au monde constitue une forme de contre – transfert. Ceci s’effectue souvent par nos propres images en ce qui les concerne. Il s’agit pour les SEU de vécus de manque de contrôle de leur environnement, de perte de maîtrise, de dilution de leur existence dans l’espace public. Ils nous donnent des images qui communiquent ce vécu. Ces images nous sont données, dans le réel, par leur existence physique exposée dans l’espace publique. De plus, nous réagissons à ces images que nous donnent les SEU pour en fabriquer les nôtres, projettent de la sorte leur état d’existence ou de non – existence psychique. Que nous dit, en effet, notre contre – transfert concernant leur sentiment d’être au monde et quelles en sont les images correspondantes ? Certes, on peut parler de confusion des espaces en ce qui concerne sa positionnement de clinicien et se poser la question « qu’est ce qui vient de l’autre, qu’est ce qui vient de moi ». Il me semble que ces vécus, la part du clinicien, est une des constantes dans cette clinique. C’est une position souvent inconfortable, éprouvante même, puisque ça passe par des éprouvés personnelles, jusqu’à dans la dimension sensorielle. Je propose d’accepter de cheminer avec ces images mobilisées, en considérant la dynamique transferro-contretransferentielle comme faisant partie de la méthode. L’image que je me fais de leur vécu et de leur problématique est la suivante : Il semble y avoir pour eux, une difficulté de « retenir » les objets et les relations. De même « s’y tenir quelque part » et « se retenir » est pour eux souvent problématique. On peut faire le rapprochement entre ce que j’appelle la « carence à retenir » et la thèse de Patrick Declerck (Les naufragés, 2001) sous le terme qu’il emploi de « forclusion anale ». Personnellement, je pense que pour ces personnes lors de la constitution de l’objet, celui – ci a été un minima élaboré. L’objet existe mais cet un objet qui a de la difficulté à se fixer. A l’image d’eux-mêmes, c’est un objet qui a une difficulté pour appartenir au corps (de la mère). Ce que l’objet risque, c’est d’être posé…, et oublié. On peut également penser que ce qui constitue le risque pour le sujet, c’est que l’objet soit porté … et lâché. Pour pallier ces vécus, il me semble que les errants seraient dans la recherche permanente d'une constance, de continuité ou de ce dont parle dont parle Winnicott (1971) sous le terme de « holding ». Auprès de ces sujets, il semble donc important de se servir d’une médiation qu fait « tampon » entre leur vécu et l’accueil de ce même vécu qui constitue une des méthodes que le dispositif clinicien propose avec la photo mais également avec le dispositif lui-même.