1.1. La question du lieu comme révélateur du défaut de contenance

Le problème d’appropriation du lieu par les SEU se recoupe avec celui de défaillance de la contenance imaginaire, comme nous le verrons plus loin.

Nous constatons de la part de cette population une difficulté par rapport au lieu « concret », et pensons que celle-ci se retrouve également au niveau d’un lieu « psychique » où déposer tel trauma ou telle expérience (manque de traces mnésiques de l'expérience, de réminiscence, de mémoire, de souvenirs).

La répétition à l’identique qu’ils nous donnent à voir (passage à l’acte, mise en scène de l’ « apparaître/ disparaître ») comporte une fonction de protection. Elle maintient à zéro le risque que représenterait la rencontre traumatique (si elle se poursuivait) avec l’autre.

La rencontre avec l’objet, qu’il soit là où on l’attend ou qu’il se trouve ailleurs, doit pouvoir être retrouvée avec une certaine familiarité. Pourtant pour retrouver un objet, il est nécessaire auparavant d’avoir déjà constitué un certain degré de permanence. Avec la constance, il s’agit du registre de l’immuable alors que la notion de permanence suppose des retrouvailles avec quelque chose connu auparavant, ce qui veut dire qu’il peut être retrouvé.Pour ces personnes, le processus d’appropriation de l’environnement semble être endommagé. Ceci, nous l’avons souligné, se manifeste dans leur rapport au lieu. Nous dirons que ces sujets se situent probablement en amont de la capacité de rechercher une permanence de l'objet, et cela parce qu’aucune permanence n’a peut-être jamais existé suffisamment. Et dans ce cas, nous pensons que le lieu, et ce qui le constitue comme tel, contribuent à restaurer cette permanence. Pour les SEU, l’environnement doit offrir les conditions de retrouvailles, c'est-à-dire la certitude d’une continuité psychique. Ce qui doit être donné, c’est l’espoir de retrouver la certitude et la consistance d’une origine sociale.

Sur le plan du fonctionnement psychique, nous pensons qu’un lieu « concret » peut jouer un rôle leur permettant d’inscrire leur existence quelque part et de se le représenter. Les fonctions du lieu dans leur organisation psychique seraient multiples. Nous rapprochons ces fonctions de celles du cadre.