1.2. Rapprochement de la question du lieu à la fonction du cadre

R. Kaës proposée l’équation entre le groupe, la mère et le cadre. Le lieu, dans cette optique, et auprès de ces sujets occuperait une fonction proche de celle attribuée au cadre qui reçoit en dépôt la partie la plus indifférenciée de la personnalité (J. Bleger, 1966 in Kaës, 1979b, p. 66 et R. Kaës, 1993b, pp. 112, 199). Chose aussi simple que la relation humaine, c’est une institution lorsqu’elle dure et qu’elle comporte un ensemble de normes et d’attitudes, précise par ailleurs J. Bleger: « Le cadre est donc une institution à l’intérieur des limites de laquelle se produisent certaines phénomènes auxquels nous donnons le nom de comportement » (in R. Kaës 1979b, p. 259) . Ainsi, nous pouvons penser que les pratiques, les dispositifs, les institutions tendraient à créer ce qui fait « lieu » pour ces sujets en appui sur des éléments suffisamment constants et des processus qui sont proches de la fonction du cadre. Le cadre comporte une fonction conteneur (R. Kaës, 1979c, p.71) dans son aspect actif, en étant vivant. La fonction conteneur, qui permet l’utilisation du cadre, fournit un lieu stable et rend possible des expériences de ruptures et de transformations.

La fonction contenante, telle qu’elle a été élaborée dans la théorie psychanalytique de groupe par D. Anzieu et R. Kaës à partir de W.R. Bion en particulier, comporte une fonction de limite entre le dedans et le dehors. Celle-ci peut se fonder sur la métaphore d’une enveloppe protectrice ou d’une peau commune qui tiendrait ensemble plusieurs des membres d’un ensemble.

R. Kaës précise que le cadre et le conteneur qui fonctionnent en position méta entretient une situation paradoxale puisqu il s’agit de situations où le contenant s’identifie au contenu, comme le cadre au processus (1979c, p. 58 et 2004).

Le groupe, tout comme la mère, le cadre et le lieu, offre une fonction contenante qui garantie la solidité du cadre mais aussi une fonction conteneur qui reçoit les dépôts et les transforme en éléments utilisables. La relation humaine, au sens plus large, est à la base de toute pratique d’accompagnement. Elle constitue également une institution qui offre ces fonctions contenantes et conteneurs.