1.3. Lien entre le lieu et l’image

Je vais essayer de cerner les éléments qui entrent dans la construction de ce qui fait « lieu » : objet ou relation difficilement saisissable pour les SEU. Il m’est difficile d’appréhender et de définir avec précision cette notion dans le contexte flou qu’est le champ de l’errance. Pour ce faire, je rapprocherai la notion de lieu des différentes fonctions du cadre en montrant comment certaines pratiques participent également à créer du lieu.

Au travers des dispositifs et des pratiques les accueillants portent un regard sur ces personnes et leur fournissent un reflet de l’image qu’ils ont d’eux mêmes, ce qui peut avoir des implications sur la manière dont ces sujets se sentent exister. Dans ce registre, nous pouvons évoquer les conséquences bénéfiques d’exister aux yeux de quelqu’un – ceci est d’autant plus pertinent lorsque l’on considère la prégnance parmi les SEU de la dimension du voir et de l’être vu et, partant de là, les écueils possibles. Il s’agit d’un travail d’intersubjectivité, avec ce que cela comporte comme risques liés à la rencontre… et peut-être aux retrouvailles (avec l’autre et soi-même). Cependant, si la dimension scopique a tant d’importance pour ces sujets, les tenir dans le regard constitue une manière de communiquer, de témoigner, par une voie qui leur est accessible, de l’épaisseur de leur existence

A présent, j’introduirai l’importance de la fonction contenante et de la fonction intermédiaire souvent évoquées au cours de cette recherche, par une expérience se servant de la photographie comme intermédiaire à l’image des sujets.