1.1. Absent, mais présent dedans grâce à la photo

Elko fréquente le lieu d’accueil où il se « trouve » en photo parmi d’autres photos de personnes fréquentant ce même lieu. En effet, l’éducateur a pris des photos individuelles des S.E.U. en situation de vie dans ce lieu. Elles sont suspendues au plafond dans le local. C’est une des premières choses que l’on remarque en y entrant. Elles assument un rôle de réflexion et de contenance, que nous pouvons rapprocher de la fonction du miroir dans le maintien de l’identité primaire de leur fonctionnement psychique. Ces photos constituent une continuité de présence en l’absence des sujets. Un va et vient s’établit entre la contention de leur absence et leur existence aux yeux d’autrui lorsqu’ils sont effectivement présents.

Si l’identité primaire a toujours, à la base, une expérience de miroir, elle ne permet pas à l’individu d’investir vraiment un objet. Le lien entre miroir et identité primaire s’explique de la façon suivante : « l’objet est simplement utilisé comme un miroir dans lequel se réfléchissent les contours de son identité primaire. Puisque cette méthode primaire de maintien de l’identité a eu son origine au cours de la phase où il n’y avait pas de différenciation entre le sujet et l’objet, cette réflexion en miroir, narcissique et libidinale, renforce le tracé de l’identité à travers l’amplification et le redoublement (écho) (...). Ce type de réflexion en miroir est une forme bien connue de relation d’objet narcissique dans lequel l’objet sert de miroir à une identité hésitante ou non développée » (H. Lichtenstein, 1976, p. 157). Un tel retour à l’identité primaire en miroir peut relever d’une seconde naissance.