3.2. Eléments d’analyse à partir de la spirale

L’étude de la trajectoire d’habitation de Demo et Riri permet de repérer comment l’appropriation du lieu d’accueil sert d’intermédiaire pour relier les expériences de rupture25 au sein d’une continuité.

On peut repérer au bout de cette spirale en duodes devenirs et des orientations différentes :

  • Demo sort du squat. Il rentre en maison d’arrêt. Il rentre sous le coup de la loi.
  • Riri sort de la rue. Elle rentre chez sa mère. Elle rentre en thérapie. Elle rentre en apprentissage.

Demo et Riri relèvent d’une organisation psychique différente l’un de l’autre. Mais on voit comment l’errance leur fournit à chacun, une « solution » psychique qui structure ce temps articulatoire de fin d’adolescence.

Je soulignerai pour le sujet adolescent l’importance d’avoir un sentiment de maîtrise sur son expérience et sur son devenir. On peut considérer que Riri a subi passivement en étant flouée ou « blousée » l’histoire de la mort de son père. L’errance serait une quête de vérité ou une sorte de face à face avec l’authenticité de la violence et la dureté trouvées et éprouvées corporellement en dehors du foyer. Son père, ne s’est-il pas donné la mort violemment ? Elle récupère quelque chose du père qu’elle maîtrise en exerçant une certaine influence sur la violence de Démo qui « se calme » avec elle (« il m’écoute »).

Quant à Demo, il conserve la maîtrise sur un versant psychopathique qui se sert de mécanismes projectifs pour le confirmer dans l’idée que la société est responsable de son état.

Notes
25.

Sur des modes de relations primaires, et selon la modalité de dépendance et de séparation entre la mère et l’enfant, peuvent se greffer des modes relationnels ultérieurs, caractéristiques d’une culture. Ces modes relationnels, médiatisés par tels objets, ou s’articulant sur des contacts corporels ou sur des relations interpersonnelles, peuvent fournir un éclairage sur des changements brusques de la personnalité. Ces “coupures ” pourraient questionner telle activité ou tel registre de l’espace potentiel (Clanet C, 1993, L’interculturel, Ombres, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, pp.176-177).