1.4.1. L'espace intermédiaire

J'ai pensé cet épisode comme un moment de tâtonnement avec des mots et d'essais avec des bruits.

Nous savons que la découverte de soi se fait à travers des jeux relationnels réciproques entre l'enfant et son entourage humain. B. Gibello (1977) parle de «miroir sonore» où l'adulte imite vocalement l'enfant dans ses jeux avec les sons.

Pour D. Anzieu, les imitations vocales, les mimiques et les imitations posturales occupent une très grande place dans la découverte de soi.

Quel sens donner à ce tâtonnement avec les mots ? Géza Roheim (1943) a montré la fonction intermédiaire des objets culturels. Ce qui lui donne, justement, son statut d'intermédiaire, c'est son apparition dans un processus.

René Kaës (1982-1983) rappelle que l'apparition de l'objet intermédiaire est décrite comme «un moment de stabilisation dans l'oscillation entre une motion d'agrippement et un mouvement d'exploration» (p.147). Il attribue à l'espace intermédiaire, ternaire, médiateur, certaines caractéristiques de l'espace transitionnel ou du fétiche. Illusion, lieu d'expérience culturelle, création de relations entre les groupes du dedans et les groupes du dehors font de l'appareil psychique groupal un espace transitionnel.

Avec le champ transitionnel de Winnicott, nous apprenons que ce qui spécifie le phénomène transitionnel n'est pas l'objet, mais une qualité d'investissement. Un même objet peut être utilisé différemment par des personnes différentes. Lors de ce déplacement, ce n'est pas tant les mots qui importent mais la capacité de jouer avec les mots publiquement et groupalement. Par la participation de tous, c'est l'ambiance sonore qui a enveloppé et contribué à la nature transitionnelle de ce transport.