1.4.3. Peut-on « squiggler » avec des mots ?

Winnicott (1971, b) dans ses thérapies avec les enfants, a utilisé le «squiggle», simple «gribouillis» où à tour de rôle, l'enfant et le thérapeute dessinent des traits ou des contours. L'un prend appui ou repasse sur certains contours du squiggle pour faire ressortir des formes. Dans ce jeu à deux, la proposition de l'un appelle à la participation de l'autre pour induire ou compléter le squiggle.

S.Tisseron (1987 in 1993) emprunte le squiggle à Winnicott afin de montrer que le dessin intervient comme forme contenante pour le psychisme de l'enfant et de l'adulte.

Dans la séquence que nous évoquons, peut-on penser que le jeu avec les mots d'une langue se situe dans un registre similaire au jeu avec le dessin au stade le plus brut ? Lorsque je propose aux personnes, de façon très intuitive, des mots, je prends appui sur l’instrument du corps. Il y a «appel» me semble-t il à cet endroit là. En direction de ce qui m'apparaît être une capacité à jouer, comme dans le jeu du squiggle, je propose les traits ou les esquisses brutes des paroles d'une langue étrangère. Tel le crayon utilisé pour appuyer les contours dans le dessin, ici tantôt ils repassent sur des mots, comme pour «s'essayer», tantôt j'appuie sur les paroles qu'ils ont formées. Rappelons-nous qu'il s'agit de personnes aux contours identitaires flous pour lesquelles les co-étayages sont souvent peu contenants.