2.1. Hébergé dans l’espace psychique de l’autre : lien paradoxal pour être retrouvé

Zahiri fabrique des images (Dieu, la tombe, jouet social…) qui laissent une trace chez l’autre et vont creuser une empreinte qui lui permet de s’inscrire, malgré son absence physique, dans la psyché de l’autre. Ainsi, n’a-t-il pas en fin de compte besoin de ne s’héberger nulle part - dans aucun lieu concret - puisqu’il arrive à habiter l’espace psychique de son interlocuteur. On peut observer que Zahiri utilise certaines stratégies pour pénétrer l’autre de force, en lui faisant notamment éprouver de la culpabilité : « vous voulez ma mort »…

Zahiri fait en sorte que nous ne puissions pas répondre à ce qu’il demande. Son adresse envers nous se fait sur un fond de perte et de disqualification de l’autre (l’objet). Il veut prouver à l’autre qu’il s’agit d’un « non-lieu » (au sens juridique). En prouvant combien l’objet n’est pas fiable, (« ne peut pas faire confiance ») cette absence de fiabilité, il cherche à la confirmer. Cela le rassure puisque à chaque fois qu’il appelle le numéro d’hébergement d’urgence il redécouvre les choses qu’il qualifie d’immobiles, situation qu’il peut maîtriser puisqu’il prouve l’incapacité de l’entourage à répondre. Au travers du refus continuel, l’objet gagne en confiance. Il met ainsi en scène une stratégie du retrouvé avec ce qui lui est familier, stratégie qui lui sert à vérifier la stabilité (fiabilité dans un refus constant) de la part de l’objet. Objet tel qu’il le conçoit dans ce qu’il a de décevant. Le but de son appel c’est de faire reconnaître qu’il est rejeté de partout. C’est le paradoxe de la spirale de l’exclusion  : se confirmer dans un vécu qui indique que l’on est enfermé dehors .

Il se tient à distance mais en même temps il laisse trace, ce qui nous permet de le retrouver

Tout ce qui peut faire trace interne chez lui est une menace potentielle. Il reste donc inatteignable, mais en même temps il utilise autrui pour constituer des traces et ainsi être retrouvé par l’équipe la nuit.La rencontre la nuit avec l’équipe, par le biais des couvertures qu’on lui apporte, est une manière de créer un lieu de retrouvailles. Les traces internes de l’objet ne sont pas aussi stables donc il est amené par cette stratégie à opérer une actualisation des traces par l’extérieur.