4. Un besoin du regard et du vêtement d’autrui comme « mailles » d’une enveloppe institutionnelle : Maria, Robert, Berthe

Cette partie du travail porte sur trois personnes, Maria, Robert et Berthe. Personnes qui représente une catégorie dont nous serions parfois tentés de qualifier d’« inhébergeables ». Elles sont insaisissables car une demande adaptée nous est rarement adressée. Implicitement, elles semblent nous dire« j'ai besoin de quelqu'un pour repérer mes besoins ».

Dans cette réflexion, référence sera faite régulièrement aux divers dispositifs d'aide et foyers proposés aux sans-abri. La raison en est que ces dispositifs, confrontés aux problèmes soulevés par leur prise en charge, servent de révélateurs privilégiés du fonctionnement de ces personnes. Les situations ont été modifiées dans le souci de conserver l'anonymat des individus et des institutions.

La catégorie représentée à travers les trois cas exposés ci-dessous pose problème concernant notre compréhension et notre réponse. Les difficultés rencontrées avec eux se situent dans les registres suivants :

  • Ces personnes ne passent pas par le 115, numéro d'urgence, mais s'adressent directement à l'équipe de la Veille Sociale Mobile (la VSM), dans la rue ou à la gare
  • Lorsqu'elles sont inscrites dans un centre avec place réservée, elles continuent à demander à être transportées alors qu'elles pourraient se rendre sur place par leurs propres moyens.
  • Parfois elles ne rentrent pas au centre de la nuit alors qu’elles sont inscrites, privant ainsi d'autres personnes d'une place.
  • Leurs papiers d'identité ou de demandeur d'asile sont perdus ou n'ont pas été faits. Elles ne vont pas à «l'orientation», démarche qui leur est demandée pour s'inscrire dans un système d'hébergement plus stable. Elles se trouvent devant l'incapacité d'obtenir un hébergement à long terme si leurs papiers d'identité ne sont pas en ordre, et doivent donc faire face à un refus d'hébergement ou un hébergement d'urgence ou de dépannage pour une seule nuit.

C'est comme si elles désiraient rester dans un système paradoxal et précaire tout en désirant être hébergées. On peut donc en déduire que leur demande et la logique qui la sous-tend se situent à un autre niveau, ce qui nécessite une réponse au cas par cas.

Les exemples suivants illustrent certains de ces problèmes. Ces « vignettes » nous aident à aborder et à appréhender les limites de ces personnes et de rendre compte des conséquences qui en découlent, d'une part sur leur fonctionnement psychique, d'autre part sur leur prise en charge.