5. Jacques ou un besoin de chien : une première forme de relation à l’autre

Les personnes en errance possédant un animal ne sont pas accueillies dans la plupart des centres d'hébergement ou foyers. Cette «lacune» est parfois reprochée à ces centres par des SEU qui réclament un besoin qui, disent-ils, est essentiel : « Des lieux pour dormir avec nos chiens ».

La question se pose très simplement : faut-il ou non avoir des lieux pour chiens ? Nous pouvons également envisager la question en se demandant comment, à travers cette relation forte d'un homme avec son animal, il serait possible de travailler pour permettre à ces personnes de s'ouvrir aux autres. Dans quelle mesure peut-on associer le chien à une visée qui consisterait à consolider les relations entre son maître et les autres humains ? Ou bien, faut-il envisager les choses sous un autre angle qui consisterait à accorder une plus grande importance à la place du chien dans la vie psychique de son maître lorsque celui-ci se trouve en situation d’errance ?A travers cet animal, ne se mettent-ils pas encore davantage en situation d'exclusion, c'est-à-dire en situation de ne pas pouvoir être hébergés ?

Ce lien entre homme et chien soulève encore d’autres questions. En effet, parce qu’il représente un obstacle pour l'accès aux centres, le chien oriente, en partie, le choix de l'habitat du SDF – du moins, c’est ce que disent certains à ce sujet. Cependant, cette relation homme-chien, problématique pour l’environnement social du « couple », interroge la relation entre les hommes : qu’est-ce qui fait défaut dans la relation entre humains pour rendre celle avec l’animal si forte ?