5.3.4. Un objet intermédiaire potentiel pour un travail de médiation

Cette situation révèle que la relation à l’autre est fusionnelle, symbiotique. Rapport à l’autre qui était peut-être adhésif, comme nous pouvons l’imaginer, à sa femme et à ses enfants qui ont jusque là occupé une fonction « tuteur » dans son psychisme. Ce qui est visible du dehors et qui se manifeste comme rupture sociale recouvre, me semble-t-il, une problématique interne de dépendance et de la non élaboration de la perte et de l’absence. Dans cette interrogation sur les limites le concept de Moi-peau de D. Anzieu tient une place dans la théorisation de ce « corps à corps » avec l’animal. On peut envisager dans l’état de détresse de Jacques que cette dimension de satisfaction corporelle corrélée avec un début d’équivalence psychique pourrait être structurante. Cela pourrait être le cas avec le recours à un objet (ou situation) médiateur et son rôle intermédiaire. La problématique de la médiation (C Vacheret, 2000, p. 160) relève des processus psychiques de liaison. Elle est une problématique de lien entre réalité intrapsychique du sujet et réalité du dehors. Elle accueille les différences et les écarts et prépare le terrain au transitionnel et au travail de symbolisation. J’avancerai que l’idée que les enveloppes psychiques sont non-différenciées et ne permettent pas l’accès à l'objet transitionnel qui est selon Winnicott le premier objet non-moi. Le chien n'est pas un objet transitionnel mais une aide pour accéder à une aire potentielle de transition qui pourrait être offerte par un tiers médiateur à leur relation duelle.

Peut-on imaginer que la situation de précarité (sans lieu, sans lien) réactive les angoisses de détresse ? Le chien viendrait soutenir narcissiquement la détresse de son maître, témoigner de ce dont il a besoin, et tenter de colmater la blessure narcissique. Dans cette perspective, c'est plutôt le chien qui prend soin de son maître.