2.2. Sur la capacité réceptive de l’objet et les conditions de figurabilité

Pour ces personnes, les conditions de figurabilité seraient donc dépendantes de ce que j’ai développé sous le terme de la capacité réceptive de l’objet. Cette capacité réceptive est dépendante de la qualité de l’espace extérieur par la présence de l’autre (ou de plus d’un autre) et par la qualité de l’espace interne de l’objet. Par « l’objet », j’entends «l’autre » dans le cadre de l’accompagnement, le dispositif et parfois, le citoyen en tant qu’il partage l’espace public.

Du coté de l’espace extérieur

Je regroupe quelques exemples que la fonction de l’espace public fournit pour établir une liaison :

  • La rue et l'espace public sont utilisés comme une scène ou comme «forum» caricatural de la vie quotidienne et des relations qui s'y jouent. Leur particularité est de montrer au dehors ce qui doit rester contenu dans la sphère personnelle ou une absence de censure concernant leur vie intime.
  • Ce sont des lieux tels qu’ils sont utilisés par les SEU pour faire réagir l'autre. L'autre est interpellé à agir physiquement, matériellement ou psychiquement.
  • L'excitation, un vécu d'émotions humaines et le besoin de réagir à l'autre sont assurés dans la rue. Il est également possible d'y exposer sa condition, sans parole et sans agir.
  • La rue s'offre comme espace d'intervention possible pour les travailleurs du champ social. C'est également un lieu de rencontre entre les errants et les divers dispositifs d'aide.
  • Parfois la reconnaissance sociale peut, non pas remplacer la reconnaissance affective, mais être envisagée comme un intermédiaire. La reconnaissance de la dimension affective abordée de façon trop directe avec ces personnes représente bien souvent une attention trop intense. Ceci peut être vécu sur un mode persécutoire car trop excitant, débordant ainsi les capacités du sujet à juguler, à régler ou à intégrer dans la psyché, une pareille charge d’excitation.
  • La prise en charge sociale (ou tout autre type de prise en charge d'ailleurs) peut être une manière d’arriver à ses fins inconscientes qui est de se «faire porter», se faire «prendre en main». Donc, se trouver dans la rue ou dans une situation extrême est une situation où le «holding», tel que nous l'avons explicité dans le cas de Michel sous tente et ceux comme Robert (que nous avons qualifiés de « inhébergeables ») peut intervenir.

Du coté de l’objet

Lorsque je fais référence à « l’objet », il s’agit de la sphère intrapsychique d’autrui (cf. hypothèse n°2). J’ai développé cette fonction avec l’axe de l’accompagnement et la notion de « capacité réceptive de l’objet ». Cette fonction fera l’objet d’un développement ultérieur. D’ores et déjà je précise que la capacité réceptive de l’objet sous-tend les conditions dans lesquelles le sujet éprouve le sentiment d’exister pour lui-même, pour autrui et pour l’objet.