2.3. Recentrage des axes de la recherche

Après avoir exploré la clinique, il me semble que le fonctionnement psychique qui fonde l’ensemble des conduites des sujets et des situations rencontrées dans le cadre de notre étude soit sous-tendu par des processus repérables qui relèvent de la problématique majeure de l’indiscrimination ou de l’indifférenciation psychique. Cette problématique se donne comme site d’expression la rue et l’espace public.

a) Les axes révélateurs de la problématique de l’indiscrimination

 J’ai exploré les particularités de cette problématique à l’aide de plusieurs axes :

b) Le travail des hypothèses suit, de façon générale, la logique suivante :

Du coté du sujet : L’hypothèse n° 1, la sous hypothèse n° 1

Elle évoque l’organisation psychique d’indiscrimination des sujets : (organisation psychique de « type déchetterie »).

Elle énonce la « solution psychique » des sujets : (système de déposition en images).

Du coté de l’objet : L’hypothèse n° 3, la sous-hypothèse n° 3 ainsi que les hypothèses n° 2 et n° 4

Elles concernent le dispositif de prise en charge mais elles permettent de mieux appréhender et de préciser le fonctionnement psychique au travers des propositions que j’envisage.

Au travers de ce(s) dispositifs, j’essaie de montrer ce qui se joue dans l’accompagnement et qui en fait une relation soignante. Au travers de l’étude des conditions dans lesquelles l’accompagnement est « adapté », nous pouvons mieux entrevoir la réponse de l’objet ou ce que j’appelle « la capacité réceptive de l’objet »(cf.hypothèse n° 2). Par exemple avec le « lieu » il ne s’agit pas de n’importe quel lieu mais d’un lieu en tant qu’il est médiatisé dans le cadre de l’accompagnement, comme l’hypothèse n° 4 le propose. Il en est de même avec la photographie.

Les hypothèses n° 3 et n° 4 mettent en avant l’idée qu’un accompagnement global, par l’intermédiaire du lieu et de la photographie permet de créer un site où une liaison peut s’établir par la dimension sensorielle, les dépôts et les traces. Cette dimension « sensible» dans son fonctionnement, et par la même dans son dysfonctionnement, va se trouver sollicitée par la « réponse » de l’objet. Ce qui est sous-jacent dans la pathologie du sujet va solliciter la capacité réceptive de l’objet, ce que j’ai développé avec l’hypothèse n° 2.

Ces sujets semblent matérialiser une forme de continuité du corps à l'environnement et posséder une sorte de corps-psyché indifférencié que la sous - hypothèse n° 3 met au travail avec la notion de contenant/contenu. Ils transportent ailleurs que chez eux ces images. Nous, de notre côté, dans le lien d’accompagnement, on charrie leur corps, on les transporte, avec les dispositifs mobiles, d'un endroit à l'autre, on les « case » en les déposant tel un paquet à notre «bon endroit». A l’aide de l’hypothèse n°1, j’ai précisé, au travers de l’accompagnement, qu’une fantasmatique de déchet se révèle à leur égard : fantasmatique qui s’actualise dans l’inconscient du champ social.

Notes
29.

Je préfère le terme d’accompagnement au terme plus formalisé de « soins » ou de « prise en charge ». J’entends par « accompagnement » les dispositifs, les médiations, et dans certaines conditions l’accompagnement comme relation soignante.