1.5. Effets du traumatisme précoce et carence à retenir dans l’actuel

Ce vécu de lâchage est réactualisé de façon répétitive par la suite, parfois sous la forme d’une anticipation de l’échec dans de multiples domaines (par exemple, lors de la distribution des allocations, de la nourriture, du logement).

Le socle sur lequel pourrait se construire la confiance en autrui et l’estime de soi est défaillant. C’est ce qui explique la carence d’appropriation subjective que nous constatons chez ces personnes. Ces deux éléments : la confiance en soi et la capacité d’appropriation des éléments de l’environnement sont liés. Ainsi face à cette carence à retenir apparaît la tentative de parasitage, d’agrippement, de besoin de tout. Les expériences de SEU, au travers du matériel clinique, traduisent souvent une sensibilité aux rapports de pouvoir (que ce soit par rapport à des leaders, des animateurs ou des figures emblématiques). Ces configurations appartiennent au registre de la soumission passive. Certaines personnes s’expriment uniquement ou principalement dans la séduction à l’égard des « responsables » ou des accueillants. Rappelons le cas de Michel (II, ch.2 :3) qui vit sous tente et sa dépendance paradoxale exprimée par son besoin de ne rien devoir à personne.

Elko (II, ch. 1 :1) aussi avait été sous l’emprise d’un père séducteur et manipulateur. Il restait dépendant non seulement des substances toxiques mais également d’une relation fusionnelle avec Jane.

Dan, (II, ch. 1 :2) qui avait souffert d’un traitement qui annulait tout sens symbolique de filiation et de transmission culturelle, restait dans une position adolescente. Il ne pouvait pas s’approprier la réalité externe, critiquant les institutions sociales mais se vantant aussi de les exploiter.