2.2. Un processus archaïque d’ « images sensorielles »

Ce mode de contact des SEU se fait par le biais « d'images sensorielles » et peut concerner l'image visuelle mais on peut également considérer dans le même registre des images olfactives, acoustiques, gustatives, etc. Autant d’images qui passent par la perception et qui font sensation. Dans le processus archaïque, le regard est mentionné par R. Käes comme un des éléments de l’appareil d’emprise.

Il va de soi qu’il s’agit ici d’un type de « transfert » particulier qui n’est pas forcément transfert direct, issu d’une relation ou d’affects entre deux personnes ou entre des personnes dans un groupe. Ce transfert se sert d’une situation, scène où objet interposé pour toucher l’autre. Il peut s’agir d’une situation de tout un environnement qui est utilisé pour toucher l’autre ou pour toucher plusieurs autres. Je me réfère à ces scènes et situations comme « dépôts » bien que il qu’il s’agisse souvent d’objets concrets et pas seulement de dépôts en lien avec un cadre de soin ou institutionnel au sens de J. Bleger ou de C. Vacheret (transfert par dépôts). Il est important de souligner que j’emploie des termes tels que le transfert et le contre transfert et qu’ils sont tirés de situations issues du cadre de la cure ou du groupe constitué. Ici, hors des murs, si des phénomènes similaires sont en œuvre, leur apparition, leurs formes, leur sens sont à re interpréter compte tenu des conditions dans lesquelles ils apparaissent

Ce que je considère être la dimension transfero- contretransférentielle ne fonctionne que si l’autre (ou l’environnement) est touché par l’image sensorielle que le sujet (SEU) mobilise chez lui. Il est difficile à localiser le site du transfert et du contre transfert. Par exemple, le sujet se sert d’un dépôt ou de ce qui fait trace et qui est, à priori, extérieur à la relation. Il se sert de ce phénomène pour que quelque chose se passe entre lui et l’autre, visant ainsi à toucher l’autre ou à solliciter l’autre. Cette dynamique relationnelle délocalise le transfert et puisque le transfert s’adapte aux conditions de l’espace on peut dire que le transfert est spatialisé (cf. II, ch.1 :3.1).