5.4. La figurabilité régrédiente du clinicien comme « lieu » où exister pour soi et pour autrui

Il me semble auprès de ces sujets, comme je l’ai déjà développé dans la partie 2 de ce chapitre, qu’il s’agit pour le clinicien de faire de son propre psychisme un espace pour les images. Les traces perceptives, comme les images visuelles, qui existent peuvent être envisagées comme étant proche de ce que C. et S. Botella (2001, p.1235-6) décrivent du travail de la figurabilité régrédiente dans le cadre de la cure. Ils considèrent, en effet, l’attention flottante de l’analyste comme une régrédience à minima, appelée « écoute régrédiente » où la disponibilité psychique de l’analyste en état de régrédience serait capable d’opérer un travail de figurabilité.

C. et S. Botella défendent la thèse que la vie psychique est traversée de toutes parts par la pulsion qui tend à s’accomplir sous sa forme initiale, hallucinatoire : travail qui ne se limite pas au rêve la nuit.

La dimension régrédiente du clinicien donne un accès direct selon A. Beetschen (2001) au « rêve en soi » dans ce qui apparaît « comme un rêve en plein jour ». Cette façon d’envisager la figurabilité « implique de la part de l’analyste une mise en état de réceptivité, une tolérance subie (…) » (p. 1247). Je rapproche cet état de réceptivité à ce que je décris sous le terme de capacité réceptive de l’objet et que je postule dans mes hypothèses. Sous cet angle, la figurabilité peut être envisagée comme « lieu » pour le clinicien également - lieu où le clinicien peut prendre de la distance et retrouver ses propres repères.