6.3. Glissement des fonctions de l'image « in situ » en passant par S. Tisseron

J’ai développé initialement le rôle de la contenance comme un des éléments de choix de la photographie. Il me parait intéressant à présent d’évoquer plus largement les différentes fonctions de l’image. Dans un travail sur la photographie, un glissement est possible entre les différents supports de l’image que sont aussi le miroir et le dessin. Le dessin évoque une mise en représentation qui est une subjectivation de l’image car il s’agit de la projection du monde interne du sujet alors que la photo fait appel à une appropriation après-coup d’une mise en représentation. En effet, l’aspect temporel est prégnant, car à partir d’un support perceptif, le sujet photographié ou bien le photographe donne un sens dans un temps qui est décalé de l’événement. Je m’appuie sur des situations de ma clinique pour illustrer ces différentes fonctions de l’image.

L’image est présence évocatrice d’une absence. Avec sa dimension spatiale, l’image est une sorte d’écran qui invite à explorer cette absence pour la dépasser. La question du lieu dans la partie précédente, nous a permis d’aborder la place que ces sujets occupent dans l’espace public et de nous donner une représentation de leur présence ou de leur absence. La photographie est un moyen de localiser ou de fixer le sujet dans une image. Le résultat tient dans cette possibilité d’avoir en main une image « fixe », de la regarder, de la montrer ou de la donner. Cependant le moment de la « prise » de la photographie est un regard sur le corps de l’autre, sur ce corps en présence.