Questions, perspectives

Je me suis centrée sur l’approche clinique des sujets en errance urbaine.

A l’origine de cette recherche, je me suis trouvée face à cette gageure : comment mener une étude et cerner le fonctionnement psychique d’une population insaisissable de par son errance et son opposition à être contenue. Comment saisir l’insaisissable… ?

Cette clinique, outre l’axe psychologique que je propose, est transversale et interroge de multiples domaines (politique, juridique, médiatique, économique, sociologique).Les moyens d’étude traditionnels en clinique, tels qu’entretien duel, travail groupal, art thérapie, atelier théâtre ou écriture, psychodrame ou même photolangage n’étaient pas de mise avec ces sujets compte tenu de leur incapacité à investir une relation quelqu’elle soit et à fortiori de s’inscrire dans un lieu et dans une durée suffisante. J’ai donc privilégié une approche du sujetpar 2 prismes :

Quant à la photo, je l’ai proposé comme prototype qui peut ouvrir sur d’autres abords de leur fonctionnement. L’hypothèse n° 3 a illustré comment et en quoi la photo occupe cette fonction intermédiaire et médiatrice auprès des ces sujet mais également pour le chercheur. D’une part elle illustre comment j’ai travaillé avec ces sujets. D’autre part elle dévoile des aspects de leur fonctionnement qui ouvrent des pistes de réflexion. Notamment sur leurs symptômes pathologiques, (surtout leur relation aux limites) et leurs mécanismes de défense (identification projective, clivage…..).

Le photographe, lorsqu’il sort du studio et descend dans la rue, se délocalise. Il en est de même pour le clinicien qui sort du bureau, du cadre traditionnel pour aller à la rencontre des sujets.

La photo est un autre « point de vue » pour penser ces personnes qui sont souvent considérées comme des déchets et privées d’une place de sujet. Ils ne sont pas « perdus de vue » grâce à elle, car elle constitue la trace d’un lien.

Les SEU, eux aussi, par des actes, des objets et des scènes, déposent en nous des images sensorielles(hypothèse n° 1). Ce dépôt ne doit jamais être posé comme perte mais doit, au contraire, être retrouvé par quelqu’un. Cette déposition en image, avec son « effet déchetterie » peut faire l’objet d’une reprise ultérieure. Je postule que la capacité réceptive de l’objet (hypothèse n° 2) joue ce rôle de reprise et de transformation.