La mise en œuvre des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel en Algérie

A l’instar de nombreux pays en développement, l’Algérie s’est engagée dés les années soixante-dix, dans un processus de développement économique et social basé sur une socialisation graduelle de l’économie et une planification impérative devant lui permettre à terme une croissance économique intégrée, harmonieuse, dynamique et autonome. La concrétisation de ces objectifs devait passer par la nationalisation et l’instauration du monopole de l’Etat sur les secteurs stratégiques comme le commerce extérieur, le système financier et bancaire. Cette option politique suppose la marginalisation de la place que doit occuper le secteur privé et le rejet de toute forme d’investissement étranger.

A court terme, cette stratégie de développement, s’appuyant sur un choix volontariste et sélectif en faveur d’une industrialisation hautement capitalistique, exigeait une alimentation en ressources financières essentiellement étrangères, que le système financier interne (fiscalité pétrolière surtout) ne pouvait lui assurer. Dans ce cadre, le recours à l’emprunt sur le marché financier international s’avéra nécessaire, facilité d’autant plus par les conditions de prêt offertes à cette époque sur les marchés internationaux. Ce recours à l’endettement, qui prenait de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure de la réalisation des plans de développement, aurait du, cependant, être maîtrisé ou même éliminé à long terme moyennant une gestion rationnelle des ressources.

Paradoxalement, cette forme d’accumulation, qui a permis une grande création d’emploi et a favorisé une croissance économique au départ, confortant les décideurs ainsi que les planificateurs dans leurs décisions, a, dés la fin des années soixante dix, montré ses limites se traduisant par des dysfonctionnements et de nombreux restes à réaliser que ne manqueront pas de relever de nombreux travaux et thèses.

D’une part, le retournement de situation dans l’environnement international a déteint sur l’économie nationale et plus particulièrement en matière d’endettement. En effet, la hausse des taux d’intérêt ainsi que l’appréciation du dollar sur les marchés financiers internationaux ont rendu l’accès difficile aux pays à revenus intermédiaires comme l’Algérie qui continue malgré tout d’emprunter, alimentant et accélérant le rythme du processus d’endettement. D’autre part, cette période coïncide avec la mise en place de la nouvelle équipe au pouvoir qui va donner de nouvelles orientations aux prochains plans de développement afin de tenter de rétablir certains équilibres en matière d’allocation des ressources. C’est ainsi que la priorité sera accordée à la satisfaction des besoins sociaux comme la consommation, le logement, l’emploi… au détriment de l’investissement et en favorisant le désendettement alors que les prix du pétrole connaissent une baisse continue.

Ces mesures ont certes permis d’enregistrer quelques résultats, notamment un excédent dans la balance commerciale et une amélioration du pouvoir d’achat, mais leur réalisation a été faite aux prix d’une compression des importations de biens d’équipement et d’une exagération des dépenses publiques. Cela a eu pour conséquence de sanctionner un appareil productif déjà affaibli et parasité par un secteur parallèle en expansion.

La chute des prix des hydrocarbures en 1986 va à la fois aggraver davantage ces déficits en latence et les dévoiler. Face à cette situation, l’Etat mène une politique d’austérité qui pénalise à la fois le producteur (public ou privé) et le consommateur. Par ailleurs, ne pouvant plus bénéficier de prêts à long terme de la part des créanciers internationaux (l’Algérie est classé parmi les pays à risque), et refusant le rééchelonnement qu’il considère comme une aliénation de la souveraineté nationale, l’Etat contracte des emprunts à très court terme (crédits commerciaux et crédits financiers) qui rendent le fardeau de la dette de plus en plus lourd.

Confrontée à nouveau, aux problèmes de remboursement de sa dette et de règlement de ses importations d’une part, et ne pouvant plus accéder aux tranches supérieures de crédit d’autre part, l’Algérie accepte de passer un premier accord de confirmation avec le FMI en 1989 puis en 1991 en engageant des négociations avec ce dernier. Ces négociations seront interrompues puis reprises en 1994 avec la signature d’un troisième accord de confirmation assorti, celui là, de nouvelles conditionnalités plus contraignantes que l’Etat s’engage à respecter afin de pouvoir bénéficier d’un rééchelonnement de sa dette extérieure et obtenir de nouveaux prêts auprès de ses créanciers privés.

Les conditionnalités, synthétisées par J.Williamson de « Consensus de Washington » et se traduisant par le triptyque Stabilisation-Privatisation-Libéralisation, trouveront un reflet dans la promulgation des nouveaux textes en appui aux réformes économiques engagées.

Les objectifs visés par ces réformes, imposées par le FMI, peuvent être synthétisés ainsi:

C’est dans ce cadre que s’inscrit la problématique traitée dans cette thèse avec comme fil conducteur l’analyse de l’impact des mesures de stabilisation et d’ajustement structurel sur l’économie algérienne.

Plus précisément, cette thèse tente de répondre à la question suivante : la mise en œuvre des mesures contenues dans les programmes de stabilisation et d’ajustement structurel a-t-elle vraiment permis à l’Algérie d’assurer une stabilité macroéconomique et d’asseoir une croissance à long terme à même de lui permettre une meilleure intégration à l’économie mondiale?