Introduction

L’opinion largement partagée aujourd’hui par les auteurs qui se sont intéressés à la théorie du développement est que le caractère trop ambitieux des politiques de développement centrées sur l’intervention de l’Etat et l’exportation de matières premières a fini par montrer leurs limites.

Ces limites tiennent autant à l’élaboration des politiques qu’à leur mise en œuvre. Dans leur conception, ces politiques de développement prennent rarement en compte les réalités et les spécificités des pays auxquels elles sont destinées. Dans leur mise en œuvre, elles pêchent par le manque de ressources nécessaires.

Dans la plupart de ces pays, le recours à l’endettement était tel qu’il leur devenait impossible de s’en défaire sans remettre en cause la stratégie de développement elle-même. Ces stratégies prennent rarement en considération les effets des changements du contexte international sur l’économie nationale et encore moins les moyens de les atténuer.

En Algérie, la stratégie d’industrialisation des années soixante dix, articulée autour du secteur des hydrocarbures et de l’Etat en tant que principal agent économique, a montré des signes certains d’épuisement dés la fin de la période considérée. Un processus de réformes engagé au début des années quatre vingt, adossé aux restructurations financière et organique, a empêché la réalisation des économies d’échelle attendues de la stratégie. Les effets pervers induits n’ont fait qu’aggraver une situation déjà caractérisée par une insuffisance dans les réalisations, comme l’a confirmé le bilan de la décennie 1967-1978, établi par le ministère chargé de la planification.

Cette situation économique, à la fois fragile et vulnérable, restera latente jusqu’à l’avènement de la chute des prix des hydrocarbures en 1986. Tous les signes d’une grave crise économique ne tarderont pas, alors, à se manifester à travers une dégradation nettement perceptible de tous les indicateurs économiques.

Face à une crise qui perdure à cause notamment de la persistance de faibles cours du pétrole et d’un contexte financier international des plus défavorables, les pouvoirs publics adoptent, en 1988, des mesures d’austérité en réduisant, d’une part les dépenses publiques et les importations avec leurs effets négatifs sur l’appareil productif (réduction des investissements) et en engageant, d’autre part, un processus de désengagement de l’Etat de la sphère productive à travers l’autonomie des entreprises publiques.

Ce programme visant l’ajustement de l’économie s’avéra inefficace et les déséquilibres ne tardèrent pas à se manifester de nouveau. En 1989, l’économie algérienne était dans l’impasse et la solution viendra de l’extérieur sous forme de financements conditionnels accordés par les institutions financières internationales.

L’analyse des causes à l’origine de l’échec de la stratégie de développement adoptée par l’Algérie depuis son accession à l’indépendance constitue l’objet de la présente partie dont le contenu s’articule autour de trois chapitres.

  • Le premier chapitre sera consacré à l’examen des limites d’une stratégie d’industrialisation conçue sur des ambiguïtés et intervenant dans un contexte national et international favorables.
  • Le deuxième sera centré sur les effets induits par les changements du contexte international sur la mise en œuvre de cette stratégie.
  • Enfin, un troisième chapitre est réservé à l’analyse des effets pervers d’un autoajustement dont l’aboutissement est la désindustrialisation par le désinvestissement.