1. Extension du secteur public, récupération de la rente pétrolière et marginalisation du secteur privé

1.1 L’extension du secteur public.

L’article 13 de la constitution algérienne de 1976 stipule : « la socialisation des moyens de production constitue la base fondamentale du socialisme et la propriété d’Etat représente la forme la plus élevée de la propriété sociale ». Dans l’article 14 on peut lire également « sont en outre propriété de l’Etat de manière irréversible toutes les entreprises, banques, assurances et installations nationalisées ainsi que les transports ferroviaires , maritimes et aériens , les ports et les voies de communication, les postes, télégraphes et téléphones, la télévision et la radiodiffusion, les principaux moyens de transport terrestres et l’ensemble des usines, des entreprises et des installations économiques, sociales et culturelles que l’Etat a ou aura réalisées, développées ou acquises ». L’appropriation par l’Etat de toutes ces institutions et unités de production a constitué un moyen pour asseoir sa prééminence sur le secteur privé et de prendre ainsi les commandes de l’économie.

L’extension du secteur public en Algérie s’est caractérisé par un double mouvement : celui de la récupération /appropriation des richesses nationales déjà entamé mais de manière anarchique durant la période 1962-1965 (période régie par les accords d’EVIAN) et qui concernait essentiellement les instruments de souveraineté nationale : banques, assurances, contrôle du commerce extérieur et celui de la création de nouvelles sociétés nationales entrant dans le cadre de l’industrialisation.

Ces mouvements vont prendre de l’ampleur, de la vitesse et surtout de l’organisation à partir de 1966 à la faveur de la mise en œuvre de la planification. Ainsi, de 1966 à 1968, toutes les banques et toutes les compagnies d’assurances seront nationalisées, de même seront crées trois banques de dépôt : la Banque nationale d’Algérie (BNA), la Banque extérieure d’Algérie (BEA) et le Crédit populaire d’Algérie (CPA). Ces banques auront à se partager le rôle du financement de l’économie.

Dans l’industrie, ces mouvements toucheront d’abord  les huit sociétés nationales les plus importantes : la société nationale de sidérurgie (SNS), la société nationale de métallurgie (SNMetal), la société nationale de matériaux de construction (SNMC), la société nationale de l’électricité et du gaz (SONELGAZ), la société nationale de matériel électrique (SONELEC), la société nationale de la recherche minière (SONAREM) et enfin la société nationale des hydrocarbures (SONATRACH). En 1970, seules quelques entreprises étrangères (moins d’une centaine) travaillaient encore en Algérie. A la fin de 1974, toutes les entreprises étrangères sont sous le contrôle de l’Etat algérien : la nationalisation est totale.

Parallèlement aux actions de nationalisation, l’Etat algérien mena une politique de partenariat avec le capital étranger tout en restant majoritaire .Cette forme d’association s’étend à tous les domaines et plus particulièrement à la sidérurgie, la construction métallique et la mécanique. Dans le domaine des hydrocarbures, la formule « joint venture »3 est la plus développée avec le capital étranger.

Cette procédure en deux étapes : récupération des intérêts étrangers puis ouverture à ce même capital pour constituer des sociétés mixtes revêt, du moins en apparence, un caractère contradictoire relativement aux intérêts du capital étranger (Benhouria 1980). En fait, il n’en est rien, ce dernier ne faisant que s’adapter en récupérant d’un coté ce qu’il perdait de l’autre. Du coté de l'Etat algérien, les nationalisations vont surtout lui permettre de se doter de ressources financières importantes et de moyens d’actions économiques et politiques avec comme corollaire le renforcement de son pouvoir de négociation.

Deux événements majeurs : le monopole de l’Etat sur les hydrocarbures  et la promulgation d’un nouveau code des investissements vont profondément marquer ce mouvement de nationalisations.

Notes
3.

- Joint venture : forme de partenariat généralement à durée limitée, utilisé dans les domaines pétrolier et cinématographique et qui a pour objectif de mettre en commun les connaissances, les technologies ou les ressources afin de réaliser un projet commun.