2. Le plein emploi.

L’objectif ultime de la stratégie algérienne de développement est la réalisation du plein emploi à l’horizon 1980, comme on peut le lire dans la charte nationale de 1976 : « la mise au travail de l’ensemble de la population est une nécessité de la construction du pays et une exigence du socialisme ». Le droit au travail est également garanti par la constitution de 1976 (article 59).

La politique d’emploi mise en oeuvre durant la décennie soixante dix, via les programmes gigantesques d’investissements, a incontestablement permis d’éponger le chômage hérité de la période coloniale et d’absorber une bonne partie de la demande additionnelle d’emplois induite par la croissance démographique, mais a t-elle permis de réaliser à terme le plein emploi ?

Durant la période 1967-1978, la population active est passée de 2 300 000 en 1967 à 3 500 000 en 1978, avec un accroissement annuel de 140 000 environ. L’emploi a, quant à lui, évolué de la manière suivante : de 1 720 000 personnes en 1966, il est passé à environ 2 830 000 personnes en 1978, ce qui correspond à une création d’emplois de prés de 1 110 000, faisant reculer le chômage de 25 à 19 % durant la période. Cependant, cet accroissement de l’emploi a surtout concerné les secteurs non agricoles.

Tableau n°6 : Évolution de la structure de l’emploi permanent

Source : « Synthèse du bilan économique et social de la décennie 1967-1978 », op. Cit.

Comme nous pouvons le constater, l’emploi agricole n’a pas connu de changement notable au cours de la période sinon une légère tendance à la baisse entre 1967 et 1977, suite essentiellement à la manière dont la politique agricole a été mise en œuvre.

Cet accroissement de l’emploi durant cette période est l’œuvre des autres secteurs d’activité, principalement : le BTP, l’industrie et l’administration. Bien qu’important, l’accroissement de 25% réalisé par l’industrie reste faible eu égard au volume des investissements qui lui a été alloué. Cette faiblesse trouve sa source dans les retards cumulés dans la réalisation de ces investissements et également dans la nature fortement capitalistique de ces derniers. Ainsi, les secteurs qui ont drainé le plus d’investissement (hydrocarbures, industrie) n’ont pas été les plus créateurs d’emplois comme on pouvait s’y attendre.

De ce qui précède, il est clair que, compte tenu de la forte croissance démographique, un effort quantitatif en terme de création d’emplois a été réalisé ; mais qu’en est il de la qualité quand on sait l’importance que peut avoir le niveau de qualification et d’instruction sur la productivité et la propagation de l’innovation et du progrès technique.

Au niveau national, la ventilation de l’emploi créé par niveau de qualification a fait ressortir les résultats suivants pour l’année 1977.

Tableau n°7 : La structure de l’emploi salarié en 1977

Source : S. Thierry op. Cit. P. 249

Le taux d’encadrement, bien qu’en amélioration par rapport à la période précédente (S. Thierry, 1982, P.249) demeure faible. Ainsi, les effectifs des cadres supérieurs et des ouvriers qualifiés sont extrêmement bas au regard des besoins du système productif en construction.

Ainsi, au plan quantitatif, l’emploi a beaucoup évolué par rapport à la période 1962-1966 mais reste en deçà de l’objectif retenu. Au plan qualitatif, il demeure insuffisant comparativement au seuil qu’exige le bon fonctionnement de l’appareil productif.