3. La croissance tirée par les hydrocarbures.

L’analyse de la production et de la productivité vient en complément de celle de l’accumulation du capital et de l’emploi. Elle permet de juger de l’efficacité de l’appareil productif mis en place comme de sa capacité à se reproduire.

3.1 La production.

Au cours de la première décennie (1967-1978), la PIB a crû (au prix de 1978) au taux annuel moyen de 7,2 %. L’analyse de son évolution par période planifiée fait ressortir des taux de croissance différenciés comme le montre le tableau ci-dessous :

Tableau n°8 : Taux de croissance annuel moyen de la PIB réelle et nominale

Source : tableau élaboré à partir des données tirées de « synthèse du bilan économique et social de la décennie1967-78 »

Nous remarquons ainsi que l’évolution du rythme de croissance de la PIB réelle évolue en sens inverse de la PIB nominale. L’écart entre les deux évolutions trouve son explication dans le phénomène de l’inflation qui a caractérisé cette période.

Les taux de croissance réels peuvent être considérés comme insuffisants comparativement à l’importance des capitaux injectés dans l’économie durant la même période. Cette situation s’explique par les retards dans la montée en production des unités installées et les faibles taux d’utilisation des capacités, ces dernières ne dépassant pas les 50% en moyenne durant la période et les 70% en 1978 pour les unités ayant démarré depuis plus de cinq ans (S.Thierry, 1983).

L’analyse de la structure de la production permet d’apprécier la contribution de chaque secteur dans la formation de la production intérieure brute. Globalement, la part du secteur productif dans la PIB (mesurée à prix constants de 1978) qui était de 70% en 1967, passe à 65% en 1978.

Par secteur d’activité et par ordre de priorité, le secteur des hydrocarbures occupe la première place avec une participation à la formation de la PIB de 35% en 1967 et seulement de 28% en 1978 (à prix courants). Le taux de croissance annuel moyen du secteur était de 5,2% pour l’ensemble de la période. Cette participation relativement élevée du secteur des hydrocarbures s’explique, d’une part, par la revalorisation des prix des hydrocarbures sur le marché mondial de l’énergie à partir de 1973 (grâce essentiellement à l’action menée par le comité de négociation de l’OPEP représentant les pays du Golfe et visant à fixer de façon souveraine le prix du pétrole) et par l’extraction abusive des hydrocarbures envisagée dans le cadre du plan de valorisation des hydrocarbures (Plan VALHYD).

Avec un taux de croissance annuel moyen de 10% pour l’ensemble de la période considérée, le secteur de l’industrie occupe la deuxième position dans la création de la PIB. Cette remontée dans le taux de participation trouve essentiellement son origine dans l’entrée en production des unités achevées.

Concernant le secteur agricole, sa part dans la PIB est passée de 13% en 1967 à 8% en 1978 et a connu un taux de croissance annuel moyen de 2,4%. Ces taux, bien qu’ils soient faibles, peuvent être considérés comme une performance, eu égard aux faibles ressources allouées à ce secteur et aux nombreuses contraintes d’ordre technique et organisationnel qu’il a subies.

L’augmentation de la production reste, malheureusement, bien en deçà de la demande intérieure engendrée par une forte croissance de la population et surtout des revenus distribués grâce à l’augmentation de la fiscalité pétrolière induite par les booms pétroliers de la période.

La production par secteur juridique (public, privé) n’est pas disponible à prix constants. On peut toutefois évaluer le poids relatif de chacun des secteurs dans la production intérieure brute14.

Durant les années soixante, la part du secteur privé dans la valeur ajoutée globale prédominait dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie (de base et de transformation), du BTP (bâtiment et travaux publics), des hydrocarbures et enfin du commerce et services. A partir des années soixante dix, on assiste à une inversion de la tendance en faveur du secteur public.

La part du secteur public a été de 83% en 1978 contre 19 % en 1969 dans le secteur des hydrocarbures, de 82 % contre 43 % dans les industries de base et d’intégration, de 65 % contre 50 % dans les industries de transformation et enfin de 73 % contre 37 % dans le bâtiment et travaux publics.

Dans l’agriculture, le secteur public n’a pas connu la même mutation puisque sa contribution est restée pratiquement au même niveau : 27% en 1978 contre 24% en 1969.

Le rythme d’évolution de la croissance étant lié à l’utilisation des facteurs de production, la relation peut être cernée à travers l’analyse de la productivité totale et apparente des facteurs.

Notes
14.

- La PIB pour la période avant 1974 n’est pas disponible dans le même système de comptabilité que celui utilisé pour la période allant au-delà de 1974. Il n’est donc pas possible de présenter une évolution homogène de la PIB et de mener les comparaisons désirées.